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Les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU votent ce samedi sur un projet de résolution qui condamne la répression en Syrie tout en faisant des concessions à la Russie, exhortée par la France et les États-Unis à ne pas poser son véto.

REUTERS - Les Etats-Unis et la France ont exhorté samedi la Russie à ne pas bloquer l’adoption d’un projet de résolution sur la situation en Syrie à quelques heures d’un vote au Conseil de sécurité de l’Onu.

Moscou avait mis en garde un peu plus tôt contre le « scandale » que provoquerait le vote si le texte était gardé en l’état et a réclamé des concessions sous peine d’utiliser son droit de veto.

Le projet de résolution exprime le soutien du Conseil de sécurité au plan de sortie de crise de la Ligue arabe adopté le 22 janvier, qui prévoit la mise à l’écart du président Bachar al Assad et la formation d’un gouvernement d’union nationale avant la tenue d’élections.

La dernière version ne détaille pas le plan et établit clairement que le texte ne peut justifier une intervention militaire.

Selon les dernières informations communiquées par l’Onu, la réunion devrait débuter dès 10h00 heure de New York (15h00 GMT).

« S’ils veulent un autre scandale au Conseil de sécurité, on ne peut probablement pas les en empêcher », a déclaré Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie russe, selon l’agence de presse Itar-Tass.

Le projet de résolution en cours n’est pas vain mais doit être amendé pour éviter de laisser l’impression que l’organisation prend parti dans une guerre civile, a déclaré Lavrov à Munich.

La principale objection de la Russie, a-t-il poursuivi, c’est que le projet de résolution évoque des mesures à prendre contre Damas, mais pas contre les « groupes armés » qui exploitent les manifestations.

« Nous soutenons l’appel au changement lancé par le peuple syrien », a dit Lavrov, affirmant que la Russie n’était pas spécialement attachée à Bachar al Assad.

Paris dénonce « la sauvagerie » de Damas

Des diplomates reconnaissent qu’ils ignorent si la Russie votera le texte, s’abstiendra ou opposera son veto, comme elle l’a fait début octobre avec la Chine sur un précédent projet de résolution qui aurait condamné la répression en cours en Syrie depuis mars de l’année dernière. (voir )

Selon un responsable du département d’Etat américain, les réticences de Moscou à voter le texte ont fait l’objet samedi de « vives discussions » entre Sergueï Lavrov et la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton qui espère toujours un ralliement russe de dernière minute au projet de résolution.

« La secrétaire d’Etat et le ministre des Affaires étrangères ont eu de vives discussions. Ils s’accordent sur le caractère urgent de la situation sur le terrain au vu des violences », a indiqué ce responsable à l’issue d’une rencontre entre Clinton et Lavrov à Munich, en marge de la conférence annuelle sur la sécurité qui se tient ce week-end.

A Paris, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a exhorté la Russie, sans la nommer, à accepter le projet de résolution, soulignant l’urgence de la situation après la mort de 200 personnes dans des bombardements contre la ville de Homs déclenchés vendredi soir par les forces armées syriennes.

« Ce déchaînement de violence souligne l’urgence que le Conseil de Sécurité des Nations unies sorte de son silence pour dénoncer les auteurs de ce crime (...) Ceux qui freineraient l’adoption d’une telle résolution prendraient une lourde responsabilité devant l’histoire », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Des diplomates ont estimé que les Russes auraient du mal à justifier un veto alors que les forces syriennes ont déclenché vendredi soir un bombardement contre la ville de Homs, où les bilans font état de 200 à 260 morts, sans précédent depuis le début de la contestation, en mars dernier.

« Comment oseraient-ils avec ce qui se passe à Homs ? », interroge un diplomate.

Si Moscou décide de voter en faveur du texte, il est vraisemblable qu’il sera adopté à l’unanimité, notent des ambassadeurs en poste à l’Onu qui estiment que la Chine et le Pakistan se caleraient alors sur l’attitude des Russes. Même une abstention russe permettrait l’adoption de cette résolution.