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La presse allemande s’amuse des ambitions “à la Schröder” de Nicolas Sarkozy

Le chef de l'État, Nicolas Sarkozy, a longuement vanté dimanche l'économie allemande dont il veut s’inspirer. Mais la presse outre-Rhin rappelle que ce modèle adopté par Gerhard Schroeder en 2004 lui avait coûté sa réélection.

La déclaration d’amour au modèle économique allemand, prononcée à la télévision dimanche par le président Nicolas Sarkozy, n’est pas passée inaperçue outre-Rhin. Le quotidien économique Handelsblatt évoque même “la romance allemande de Monsieur Sarkozy” qui consiste essentiellement, pour ce journal, à augmenter la TVA et allonger le temps de travail dans l’espoir de rendre les entreprises françaises plus compétitives.

La TVA passera à 21,2% le 1er octobre

Le taux normal de TVA augmentera au 1er octobre de 1,6 point, passant de 19,6% à 21,2%, et la CSG sur les revenus financiers sera relevée de deux points, afin de compenser 13 milliards d'euros de baisses de charges patronales, a annoncé le président Nicolas Sarkozy.

Les entreprises bénéficieront d'une exonération totale des charges familiales patronales sur les salaires compris entre 1,6 et 2,1 fois le Smic, a-t-il dit lors d'une interview diffusée sur plusieurs chaînes de télévision. Ces allègements de charges seront ensuite dégressifs, et s'arrêteront au-delà de 2,4 fois le Smic, a-t-il ajouté.

Car pour les médias allemands, l’objectif poursuivi par Nicolas Sarkozy avec ses nouvelles mesures est d’agir “à la Schröder”, note l’Abendblatt, principal quotidien de Hambourg. Le chancelier social-démocrate allemand avait fait adopter en 2004, à un an de la fin de son second mandat, un vaste plan de réformes du marché du travail. Résultat, comme le rappelle lundi le quotidien de centre-gauche allemand, la Sueddeutsche Zeitung : “l’Allemagne est devenue une formidable machine à exporter”. Mais “les conséquences sociales de ces réformes ont coûté l’élection de 2005 aux sociaux-démocrates”, rappelle le journal munichois en guise d’avertissement à Nicolas Sarkozy et à la droite française, à trois mois de la présidentielle en France.

Outre l'hommage à Gerhard Schröder, le paquet de nouvelles mesures annoncées par le président “ressemble plus à un feu d’artifices de dernière minute” qu’à un ensemble cohérent de réformes du marché du travail à la hauteur de l’agenda de l’ex-chancelier, estime le quotidien du centre Die Welt. Le journal qualifie ainsi de “curieux”, dans ce contexte, la proposition d’augmenter de 30 % les superficies constructibles pour doper le marché du logement. Die Welt se demande ironiquement si Nicolas Sarkozy espère créer de l’emploi dans le secteur de l’immobilier “en construisant un étage supplémentaire à la Tour Eiffel”.

La Taxe “Robin des bois”

La taxe sur les transactions financières applicable en août

La taxe sur les transactions financières sera de 0,1% sur les titres de toutes les entreprises cotées en France, même si l’achat est effectué hors de France, a annoncé Nicolas Sarkozy.

Les CDS seront également taxés, ainsi que "les achats spéculatifs par ordinateur", a ajouté le président français lors d’un entretien télévisé, sans plus de précision.

La taxe entrera en vigueur au mois d’août de cette année et son produit pour l’Etat est attendu à un milliard d’euros en année pleine, ce qui permettra de réduire le déficit.

Mais la principale cible des piques médiatiques allemandes est bien la décision du président français de faire cavalier seul et d’instaurer la fameuse taxe sur les transactions financières avant l’été 2012. Pour l’édition allemande du Financial Times, cette taxe de 0,1 % sur certaines opérations financières dénoncées comme spéculatives est le véritable coup d’envoi de la “course à la réélection de Nicolas Sarkozy”. Le quotidien économique juge, en effet, que c’est la réponse du président français au candidat socialiste François Hollande qui avait désigné “le monde de la finance” comme son adversaire.

Cette proposition de taxe sur les transactions financières n'a d'ailleurs pas fait réagir que les Allemands. En Grande-Bretagne, où David Cameron avait qualifié cette mesure vendredi de “folie pure et simple”. Le tabloïd populaire britannique Daily Mail a regretté, ce lundi, que le président français s’oppose ainsi sur cette question au Premier ministre conservateur et a jugé que ce n’était, au final, qu’une attaque de plus de Nicolas Sarkozy contre le modèle économique britannique.