Plus de 100 personnes sont mortes vendredi dans la série d'explosions qui a touché la ville de Kano, dans le nord du Nigeria. Le groupe islamiste Boko Haram, à l'origine d'autres attaques ces derniers mois, a revendiqué ces attentats.
REUTERS - La secte islamiste Boko Haram a revendiqué samedi les attentats à la
bombe et les fusillades qui ont fait plus de cent morts la veille à Kano, dans le nord du Nigeria.
"Il y a certainement plus de cent tués", a dit un responsable local. "Des bombes ont explosé, des hommes en armes ont attaqué la police et les policiers ont riposté."
Les hôpitaux de cette ville de dix millions d'habitants, la deuxième du pays, ont fait savoir qu'ils continuaient de recevoir des corps.
Ces attaques coordonnées sont les plus meurtrières jamais perpétrées par la secte islamiste.
Un couvre-feu nocturne a été décrété dans la ville. Comme d'autres localités du Nord, Kano avait déjà été le théâtre de plusieurs attentats et d'attaques imputés à la secte et qui visent principalement les forces de sécurité.
Un porte-parole de Boko Haram a contacté la presse à Maiduguri, fief du mouvement, pour revendiquer les attentats de vendredi. Une lettre rédigée en haoussa, émanant apparemment de la secte, a en outre été découverte à Kano. Selon son auteur, les attaques ont été menées en représailles à l'arrestation et à la mort de plusieurs membres de la secte.
Dans un communiqué, la police dit "faire le maximum pour reprendre le contrôle de la situation" et sollicite l'aide des Nigérians pour identifier et localiser les responsables.
Huit objectifs, dont trois commissariats, le QG de la police, celui des services de renseignement et des locaux des services de l'immigration, ont été visés. Après l'explosion des bombes, des groupes armés ont ouvert le feu sur les forces de l'ordre.
Un journaliste cameraman nigerian tué
"Nous continuons de retrouver des corps, pour la plupart des policiers", a dit un responsable des services d'urgence. "Certains ont péri dans les explosions, d'autres ont été tués par balles."
Un cameraman de la chaîne nigériane Channels TV, Akogwu Enenche, qui avait également travaillé ces derniers mois pour Reuters TV, a été tué vendredi soir alors qu'il filmait sur les lieux d'un des attentats, a rapporté sa famille.
Dans un communiqué, le président Goodluck Jonathan, a promis que les coupables subiraient "le châtiment de la loi". "Je veux rassurer mes compatriotes: (...) tous ceux qui ont trempé dans ces agissements odieux seront confrontés au châtiment de la loi", a-t-il dit.
Le président de l'Union africaine, le Gabonais Jean Ping, a condamné samedi ces "attaques terroristes".
A Paris, le Quai d'Orsay a condamné "avec la plus grande fermeté" les attentats de Kano et assuré Abuja de la "(...) solidarité de la France dans le difficile combat mené contre le
terrorisme".
La secte Boko Haram a également revendiqué l'attentat qui a fait 37 morts et 57 blessés le 25 décembre dans l'église catholique Sainte-Thérèse de Madala, à une quarantaine de
kilomètres d'Abuja, la capitale nigériane.
Arrêté mardi, le principal suspect s'est évadé moins de 24 heures plus tard et la police a promis 50 millions de nairas (309.000 dollars) pour son arrestation.
Boko Haram a aussi revendiqué l'attentat au véhicule piégé qui a fait 23 morts et dévasté le siège des Nations unies à Abuja en août dernier.
la secte, dont le nom signifie en haoussa "L'éducation à l'occidentale est un péché", prône un islam radical et rigoriste et réclame l'instauration de la "charia" (loi coranique) dans tous les Etats du Nigeria.
D'après des responsables nigérians et des diplomates, elle a renforcé ses liens avec Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), branche d'Al Qaïda dans la bande sahélo-saharienne.