Alors que les négociations entre le LKP, le patronat et le gouvernement doivent reprendre jeudi après-midi en Guadeloupe, les discussions sont bloquées en Martinique après une nuit d'affrontements entre jeunes et forces de l'ordre.
La confusion règne toujours en Guadeloupe et en Martinique où les négociations sur les revalorisations des salaires et le pouvoir d’achat patinent sur fond de grève générale.
Malgré les déclarations optimistes de représentants de l’intersyndicale guadeloupéenne LKP sur l’existence d’un accord non définitif sur une augmentation de 200 euros des plus bas salaires, les correspondants de FRANCE 24 à Pointe-à-Pitre sont plus prudents.
"Depuis mercredi, c’est un pas en avant, deux pas en arrière. Il est impossible de dire si et quand un accord sera trouvé", explique Cyril Vanier, envoyé spécial de FRANCE 24 en Guadeloupe.
Hausse des bas salaires, éternelle pomme de discorde
Les discussions qui avaient débuté à 16h00 locale (19h00 GMT) ont été suspendues à 02h30 (06h30 GMT). Elles doivent reprendre jeudi à 14H30 (17h30 GMT).
"On est habitués aux revirements du patronat, on se méfie, la grève continue", a d’ailleurs déclaré le leader du LKP Elie Domota.
Les débats ont été houleux. Nos envoyés spéciaux rapportant même avoir perçu les signes d’une altercation derrière les portes de la salle de réunion. Une foule importante s’était réunie à l’extérieur du bâtiment pour soutenir le LKP au rythme des tambours en l’absence cette année du carnaval faute de grève.
Les négociations entre Etat, patronat et syndicats achoppent toujours sur les 200 euros d'augmentation des bas salaires demandés par le LKP. La question de savoir qui financera une telle mesure n’est toujours pas tranchée. Le LKP aurait obtenu une hausse de180 euros mais continuerait à se battre sur les 20 euros restants.
Or un accord définitif sur les 200 euros ne signifierait pas pour autant la fin des négociations. "Cela permettra de débuter les discussions sur les 19 derniers points à débattre", a déclaré un des responsables du LKP à l’AFP.
Nuit agitée en Martinique
En Martinique, où la mobilisation dure depuis trois semaines, une vingtaine de petits magasins et deux moyennes surfaces ont été pillés et vandalisés mercredi soir à Fort-de-France.
"La nuit a été très agitée", confirme Willy Bracciano, envoyé spécial de FRANCE 24 à Fort-de-France. "Les jeunes ont une technique bien rodée. Ils attirent les forces de police dans le centre-ville en mettant le feu aux poubelles et ils en profitent pour piller les magasins dans la périphérie."
Les négociations sur la hausse des salaires ont été suspendues mercredi vers 03H00 pour reprendre jeudi.
Selon les résultats d’un sondage Opinion Way à paraître samedi dans "Le Figaro Magazine", 66% des Guadeloupéens et des Martiniquais considèrent que les propositions du gouvernement sont insuffisantes contre 47% des métropolitains. Plus préoccupant pour la suite du conflit, la patience de la métropole s’émousse : 51% des Français du continent se déclarent favorables à l'indépendance de la Guadeloupe, alors que les Guadeloupéens, eux, la rejettent à 80%.