
Le gouvernement et les partenaires sociaux se sont entendus, mercredi, sur une enveloppe de 430 millions d’euros pour lutter contre le chômage. Un montant qui risque de ne pas suffire selon Eric Heyer, économiste à l’OFCE-Sciences Po.
430 millions d’euros pour l’emploi. C’est la conclusion du très attendu sommet social de mercredi voulu par le président Nicolas Sarkozy avec les partenaires sociaux. Une enveloppe qui doit permettre de financer plusieurs mesures d’urgence pour enrayer l’envolée du chômage. Le gouvernement a ainsi annoncé qu’un accord avait été trouvé pour faciliter le recours au chômage partiel, pour recruter 1000 CDD à Pôle emploi et exonérer de charges les petites entrerpises embauchant de jeunes salariés. En revanche, les principaux thèmes qui risquaient de crisper les discussions, tels que la TVA sociale (l’allégement des charges patronales compensé par une augmentation de la TVA) ou encore une éventuelle taxe sur les transactions financières ont été renvoyés à une réunion programmée fin janvier.
Eric Heyer, spécialiste de l’économie française à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE-Sciences Po), explique à France 24 si le sommet à tenu ses promesses.
France 24 : Quel impact sur le chômage peuvent avoir les mesures annoncées à l’issue de ce sommet social ?
Eric Heyer : L’effet sera limité car il est à la hauteur de l’enveloppe allouée et celle-ci est faible. Ces mesures reprennent peu ou prou celles qui avaient été appliquées en 2009 pour éviter alors l’envolée du chômage. A l’époque, le gouvernement avait décidé d’y allouer 1 milliard d’euros. Avec 430 millions d’euros, on est donc bien loin du compte.
France 24 : Alors que la France vient de perdre son triple A, pensez-vous vraiment que l’Etat pouvait se montrer aussi dispendieux qu’en 2009 ?
E.H. : Bien sûr que ses moyens ne sont pas les mêmes mais il existe des solutions pour dégager des marges de manœuvre. En fait, en revenant sur la défiscalisation des heures supplémentaires, qui coûte près de 4 milliards d’euros par an à l’État, il aurait été possible d’allouer 10 fois plus d’argent à cette enveloppe. Cette défiscalisation avait été décidée en 2007 quand la France semblait renouer avec la croissance et n’est plus du tout d’actualité maintenant que le pays retombe en récession.
France 24 : Valérie Pecresse avait appelé à des solutions originales pour lutter contre le chômage. Est-ce le cas ?
E.H. : Elle aurait aimé des mesures efficaces et qui ne coûtent rien, ce qui est très difficile à trouver. Les projets annoncés n’ont absolument rien d’innovants, et, pour être honnête, on voit mal pourquoi il était nécessaire de réunir tous les partenaires sociaux pour les adopter. Le recours au chômage partiel, la formation des sans-emploi et les incitations fiscales à l’embauche sont les réponses classiques lorsqu’un pays entre en récession et fait face à une augmentation du chômage.
Il s'agit d'un traitement conjoncturel c’est-à-dire à court terme. On attend maintenant de savoir quelle sont les solutions à long terme et la politique économique du gouvernement pour faire face à la crise. Ces questions devraient être débattues lors de la prochaine réunion fin janvier où il sera question de la TVA sociale et de la taxe sur les transactions financières.