logo

Un partisan de la rigueur budgétaire nommé vice-Premier ministre

Le gouvernement a procédé jeudi à un remaniement ministériel et nommé Katsuya Okada (photo), ancien dirigeant du Parti démocrate du Japon, au poste de vice-Premier ministre. Une nomination qui ne fait pas l'unanimité au Parlement.

REUTERS - Katsuya Okada, poids lourd du parti au pouvoir et partisan de la rigueur budgétaire, a été nommé jeudi vice-Premier ministre au Japon, signe de la détermination du gouvernement à augmenter les impôts malgré la division du parlement.

L'ancien ministre des Affaires étrangères, qui avait refusé en septembre le portefeuille des Finances, a dirigé le Parti démocrate du Japon (PDJ) quand celui-ci était dans l'opposition. Agé de 58 ans, il est réputé pour son sérieux et son entêtement.

Katsuya Okada a publiquement soutenu le projet du gouvernement de Yoshihiko Noda de doubler la TVA, actuellement de 5%, afin de réduire l'énorme endettement du pays, mais le passage de cette mesure est incertain en raison du contrôle de la chambre des conseillers (chambre haute du parlement) par l'opposition.

Cinq nouveaux ministres ont également été nommés à l'occasion de ce remaniement. Un membre de la chambre haute, Naoki Tanaka, gendre de l'ancien Premier ministre Kakuei Tanaka, prend le ministère de la Défense, avec pour tâche de gérer les délicats dossiers de la Corée du Nord et de l'expansion militaire chinoise, ainsi que le problème des bases américaines.

"Les remaniements fréquents donnent raison à la population lorsqu'elle dit que la politique japonaise est instable", a déclaré à la presse le ministre des Finances Jun Azumi.

"Mais nous avons besoin de certaines règles pour créer un consensus entre la majorité et l'opposition. Nous devons renforcer notre organisation et travailler dur pour faire approuver la hausse de la TVA dans ce qui s'annonce comme une difficile session parlementaire", a-t-il ajouté.

Le gouvernement prévoit de soumettre en mars son projet de doublement de la TVA en deux étapes d'ici 2015.

Mais les principaux partis d'opposition ont jusque-là refusé ne serait-ce que des discussions sur les projets de réformes et réclament des élections anticipées.

De nombreux élus du PDJ, qui a mis fin lors des législatives de 2009 au règne du Parti libéral-démocrate, au pouvoir presque sans interruption depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, rechignent également à approuver une hausse de cet impôt à l'approche des échéances électorales prévues en 2013.

"Cause perdue"

Le taux de TVA au Japon est parmi les plus faibles des pays industrialisés mais la question de sa hausse est politiquement sensible. Le dernier relèvement, en 1997, a provoqué selon ses détracteurs une récession qui a débouché sur une longue période de déflation.

Yoshihiko Noda, ancien ministre des Finances, a accédé au poste de Premier ministre en septembre dernier. Sixième chef du gouvernement nippon en cinq ans, il a succédé à Naoto Kan, fortement impopulaire en raison notamment de sa gestion de l'accident nucléaire de Fukushima consécutif au séisme et au tsunami du 11 mars 2011.

Il a promis de réduire l'endettement massif du pays et de gérer la reconstruction de l'archipel frappé par cette triple catastrophe. Mais sa cote de popularité est en baisse depuis plusieurs semaines, en raison notamment de ses propositions fiscales.

"Katsuya Okada apportera peut-être une certaine envergure au gouvernement", estime Koichi Nakano, politologue à l'université Sophia. "Mais l'opposition veut des élections cette année. C'est pratiquement cause perdue."