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Au CES-2012, les constructeurs veulent défier la crise

Au CES-2012 de Las Vegas, LG, Panasonic, Pioneer, Intel et les autres dévoilent leurs nouveautés. Qu'importe la crise, les constructeurs veulent être à la pointe des technologies à la mode. Sans grande révolution toutefois.

Télés toujours plus connectées, smartphones de dernière génération, ordinateurs portables mini (en taille) mais maxi (en puissance) : au CES, tous les constructeurs veulent apparaître comme étant à la pointe de ces technologies à la mode. Leur discours est bien rodé, mais derrière les belles paroles, les LG, Intel, Samsung et autres ont-ils quelque chose de révolutionnaire à proposer ?

LG, malgré la crise. Seog-Won Park, le directeur de LG aux États-Unis, l'a dit : l'année 2011 aura été difficile pour tout le monde. C'est la crise et alors soyons modestes ? Que nenni : le constructeur sud-coréen a compati l'espace de quelques instants, avant d'introduire "un téléviseur révolutionnaire de 2 mètres de diagonale qui offre une expérience unique pour le spectateur". C'est sûr, mais quel spectateur peut bien s'offrir un tel écran ?

Mais qu'importe la crise en fin de compte. LG s'est trouvé un nouveau concurrent : Microsoft. Le constructeur coréen a, en effet, décidé de sortir une caméra pour ses téléviseurs qui ressemble de très près au Kinect pour Xbox de Microsoft. Comme cet accessoire très populaire pour la console de jeu du géant américain, la nouvelle caméra de LG reconnaît les mouvements et transforme de facto le corps en télécommande. Le fabricant asiatique a même poussé la comparaison jusqu'à intégrer la reconnaissance vocale dans sa caméra, tout comme le Kinect depuis quelques mois seulement.

Intel et le "waouh effect". Quarante-cinq minutes pour un show à la Apple. Mooly Eden, le vice-président d'Intel, a multiplié les blagues et utilisé un superlatif après l'autre pour parler de ses très chers ultrabooks (des mini-ordinateurs censés concurrencer les MacBook Air et les iPad d'Apple), reprenant à son compte la recette du succès des grandes conférences de presse de Steve Jobs, feu le fondateur d'Apple.

Mais contrairement à la marque à la pomme, Intel n'avait pas de produit spécifique à mettre en avant, uniquement une technologie. Si le fabricant américain de puces informatiques promeut les ultrabooks, il ne peut compter que sur la bonne volonté des constructeurs pour faire des produits à la hauteur des ambitions d'Intel.

Une technologie est, sans conteste, moins sexy à présenter qu'un produit. Ivy Bridge (c'est le nom de la technologie au cœur des ultrabooks) ne sera probablement jamais aussi connu du grand public que l'iPad. Pourtant Mooly Eden s'est donné du mal. Il a répété à maintes reprises que l'important n'était pas l'aspect technique mais le confort d'utilisation. Il a même trouvé un mot - le "waouh effect" - qui lui a servi de fil conducteur durant toute la présentation, à l'instar du fameux "magical" de Steve Jobs. Mais au final, il a montré tellement d'ultrabooks différents sur scène pour prouver leur puissance qu'aucun ne ressort vraiment du lot.

Samsung veut être partout. Le géant coréen reprend le flambeau du Sony de la grande époque. Être présent partout. Au cœur de sa stratégie : la télévision... ou "smartTV" selon Samsung. Dans l'utopie "samsunguienne", l'écran est OLED (la référence actuelle en terme de qualité d'image), 3D, connecté à Internet et... à tout autre appareil de la marque (réfrigirateur, machine à laver, smartphone, tablette et appareil photo numérique).

Ainsi, une photo, ou une vidéo, vont se retrouver simultanément sur tous les écrans possibles et imaginables. Pour ferrer encore un peu plus le consommateur, Samsung propose sur ses téléviseurs tout un choix de contenus de plus en plus dignes de l'App store d'Apple. Des séries, des films, des jeux... des exercices de fitness : l'adepte de Samsung se doit donc d'être connecté, diverti et en bonne santé. Attrayant ou terrifiant ?

Microsoft, clap dernière. Durant toute sa présentation, Steve Ballmer était assis sur une chaise. Une première pour le PDG de Microsoft, habitué du CES. Comme s'il s'était enfin décidé à se reposer après avoir tenu le haut de l'affiche des orateurs du salon dédié aux nouvelles technologies pendant trois ans. Car l'histoire d'amour entre Microsoft et le Consumer electronic show s'arrête cette année. Elle avait débuté en 1995 par une présentation de Steve Jobs et s'achève sur une prestation décevante voire sans souffle de Steve Ballmer.

La seule vraie nouveauté du géant américain cette année concerne les windowsphones, ces smartphones qui fonctionnent avec le système d'exploitation de Microsoft. Steve Ballmer en a dévoilé deux nouveaux : le Nokia Lumia 900 et le HTC Titan 2. Il ne s'agit donc même pas de produit 100 % Microsoft.

Pour le reste, Steve Ballmer et son équipe ont beaucoup insisté sur Windows 8 qui sera disponible cet automne. Mais là encore, les équipes de Microsoft n'ont fait que résumer ce que le grand public savait déjà. Cette nouvelle version aura une interface totalement revue et corrigée - qui s'appelle Metro - et sera entièrement tactile, que ce soit sur un ordinateur de bureau ou une tablette.

Même pour la Xbox, la console de salon qui depuis bientôt cinq mois est en tête des ventes aux États-Unis devant la PS3 de Sony et la Wii de Nintendo, Steve Ballmer a fait le service minimum. Le public de ce dernier show au CES n'aura entendu aucune annonce majeure alors que tout le monde s'attend à ce que Microsoft dévoile sous peu la prochaine console Xbox. Mais peut-être Steve Ballmer avait-il déjà la tête à l'E3 (le salon des jeux vidéo de Los Angeles en juin). Car Microsoft n'a pas besoin du CES pour continuer son petit bonhomme de chemin. Les organisateur du salon, en revanche, vont devoir trouver un orateur de premier plan pour prendre la relève.