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Le mari d'Ioulia Timochenko obtient l'asile politique en République tchèque

Le mari de l'ex-Premier ministre ukrainienne Ioulia Timochenko, condamnée à sept ans de prison pour abus de pouvoir, a obtenu l'asile politique des autorités tchèques. Une décision qui pourrait exacerber les tensions entre Prague et Kiev.

AFP - L'époux de l'ex-Premier ministre et opposante ukrainienne Ioulia Timochenko, condamnée à sept ans de prison pour abus de pouvoir, a obtenu l'asile politique en République tchèque, a annoncé vendredi le ministre tchèque de l'Intérieur Jan Kubice.

"M. Timochenko a demandé au ministère de l'Intérieur l'asile politique il y a plusieurs mois et la demande a été acceptée aujourd'hui", a déclaré le ministre à la presse.

"L'époux de Ioulia Timochenko, Olexandre, a été contraint de quitter l'Ukraine et de demander l'asile politique au gouvernement tchèque", a annoncé plus tôt dans la journée à Kiev le parti de l'opposante, Batkivchtchina (Patrie), sur son site internet.

"Cette décision est la réponse (...) à des tentatives (du pouvoir) de faire pression sur Ioulia Timochenko en poursuivant en justice ses proches et des membres de sa famille", a ajouté le parti.

L'annonce de cette demande d'asile par M. Timochenko, un homme d'affaires de 51 ans, avait été révélée plus tôt dans la journée par le quotidien tchèque Pravo, avant d'être confirmée par le ministère tchèque des Affaires étrangères.

Il y a un an, Prague avait accordé l'asile à Bogdan Danilichine, ministre de l'Economie dans le gouvernement de Mme Timochenko, ce qui avait causé un conflit diplomatique entre les deux pays et mené à l'expulsion de deux diplomates tchèques d'Ukraine, sous accusation d'espionnage.

Incarcérée depuis août, Mme Timochenko a été condamnée à sept ans de prison en octobre pour avoir conclu, lorsqu'elle était Premier ministre, des accords sur le gaz avec la Russie considérés comme défavorables à son pays.

Elle a également été inculpée dans une série d'autres enquêtes judiciaires, notamment dans une affaire de fraude fiscale remontant aux années 1990, lorsqu'elle était la patronne d'un groupe privé, Systèmes Energétiques Unis d'Ukraine (SEUU).

M. Timochenko, son époux depuis 1979, avait passé un an en prison entre 2000 et 2001 dans le cadre d'une enquête portant sur les activités de cette société dont il était l'un des dirigeants. Il avait finalement été relâché faute de preuves.

Malgré la carrière politique flamboyante de sa conjointe, cet homme a rarement fait d'apparitions en public et la nature de ses affaires reste opaque. En 2010, il a néanmoins assisté en grande partie au procès de sa femme, de même que leur fille unique Evguenia Carr, âgée de 31 ans.

Mme Carr, femme d'affaires également, n'a pas encore fait de demande d'asile, a indiqué un avocat de sa mère, sans pourtant l'exclure à l'avenir.

"Pour l'instant ce n'est pas le cas. Mais si la pression augmente, si le pouvoir se met à poursuivre (...) aussi sa fille, nous allons réagir de façon adéquate", a souligné cet avocat, le député Sergui Vlassenko, cité par Interfax.

L'opposante n'a eu de cesse de dénoncer ces poursuites, accusant le président Viktor Ianoukovitch -- son rival et vainqueur de la présidentielle de 2010 -- de chercher à se débarrasser de sa principale concurrente.