Observateurs et universitaires ont constaté avec inquiétude une forte hausse des incidents racistes au sein d'une partie de la communauté blanche, depuis l'élection, début novembre, du métis Barack Obama à la tête des États-Unis.
Les incidents racistes sont en forte hausse aux Etats-Unis depuis l'élection début novembre de Barack Obama à la présidence du pays, s'alarment des observateurs et des universitaires, mettant en garde contre un "retour de bâton" au sein d'une partie de la communauté blanche.
En Pennsylvanie (est), un couple mixte a découvert une croix brûlée sur son perron; en Californie (ouest), des voitures ont été maculées de croix gammées et de slogans racistes comme "retournez en Afrique".
Des mannequins pendus ont été retrouvés sur une île du Maine (nord-est), tandis que dans l'Idaho (nord-ouest), des élèves ont chanté "tuez Obama", autant d'exemples parmi "des centaines et des centaines" de cas, selon Mark Potok, directeur du "Southern Poverty Law Center" basé dans l'Alabama (sud).
"Depuis les dernières semaines de la campagne, nous avons assisté à un réel et important retour de bâton (chez des) Blanc(s), et je pense que cela empire", déclare-t-il à l'AFP.
Selon lui, des incidents ont commencé à se produire lors de discours de campagne de la candidate républicaine à la vice-présidence, Sarah Palin, quand des "Tuez-le!", en référence à M. Obama, ont commencé à être entendus dans la foule.
"Mais ce que nous voyons en ce moment va des croix brûlées aux menaces de mort, en passant par des mannequins représentant Obama pendu et des incidents raciaux affreux dans des cours d'école de tout le pays", explique M. Potok.
Brian Levin, un professeur à l'université de Californie à San Bernardino (est de Los Angeles), effectue le même constat. Spécialisé dans l'étude du racisme et de l'extrémisme, il estime toutefois que cette hausse s'inscrit dans une tendance à plus long terme.
"Nous ne possédons pas de statistiques exactes, mais je peux dire qu'il semble y avoir un pic important d'incidents racistes depuis l'élection jusqu'à aujourd'hui", dit-il.
L'universitaire note aussi qu'il semble y avoir eu une forte hausse de la fréquentation des sites internet professant la suprématie de la race blanche, commme StormFront, dont le serveur est tombé en panne après l'élection de M. Obama, le 4 novembre, en raison d'un trop grand nombre de connexions.
Pour M. Potok, la hausse de ces crimes résulte de la coïncidence de plusieurs facteurs: l'augmentation de l'immigration non blanche, l'estimation récente par le bureau national du recensement que les Blancs deviendraient minoritaires aux Etats-Unis en 2040 et l'augmentation du chômage.
"Ajoutez à cela l'idée d'un Noir à la Maison Blanche et vous vous retrouvez avec un important nombre de Blancs qui ont l'impression d'avoir tout perdu, et que le pays construit par leurs ancêtres leur a été dérobé", explique M. Potok, dont l'organisation vient en aide aux victimes présumées d'actes racistes: "je pense que l'on assiste à une crise d'identité parmi certains Blancs".
Cette hausse des tensions n'est pas sans précédent historique, selon M. Levin. "A de nombreuses reprises, lorsque les relations entre communautés se sont améliorées aux Etats-Unis, des retours de bâton violents se sont aussi produits", fait-il remarquer, citant le cas du Ku Klux Klan, qui a percé juste après l'abolition de l'esclavage.
Pour les racistes, "Barack Obama n'est rien d'autre que l'Antéchrist", soutient M. Levin.