Les valeurs bancaires entraînent dans leur chute les cours mondiaux. Pour Sofiane Aboura, maître de conférences en finances à Paris-Dauphine, confiance et transparence des rémunérations sont les clés du retour à l'apaisement.
FRANCE 24 : En dépit des multiples plans de sauvetages des banques, les valeurs bancaires entraînent dans leur chute les cours mondiaux vers leurs plus bas niveaux. Les plans de relance des banques ne semble pas avoir eu d’effet sur leurs actions, pourquoi ?
Les banques appartiennent à un ensemble économique. Il existe donc un lien de corrélation très important entre les différentes composantes du marché.
Le fait que le tier des pires rentabilités de sociétés du CAC40 depuis 1968 ait eu lieu en 2008 est non négligeable. Également en 2008, l’indice de référence de volatilité du CAC40, le VCAC, a enregistré les quinze pics de risque les plus élevés de ces vingt dernières années. Dans ce contexte, on peut difficilement imaginer que les banques redressent leurs actions sur les marchés d'elles même.
Il n’y a pas pour autant de solutions strictement financières. Il y a toujours une méfiance absolue vis-à-vis des banques, même si celles-ci ont fait des bénéfices malgré un dernier trimestre catastrophique. La relance des banques est liée à deux choses : aux marchés et à la conduite des banques.
FRANCE 24 : Quels risques y a-t-il à nationaliser entièrement les banques ? Qui s’y oppose ?
Rentrer dans le capital des banques est très couteux pour l’État et aussi très risqué pour les contribuables. Le but de l'État n’est pas de faire du profit et si la banque perd de l’argent, c’est le contribuable qui y perd. L’État rentre dans le capital des banques pour donner une garantie et contrôler les décisions, non pour spéculer.
Les principaux opposants de la nationalisation sont les actionnaires qui voient leur pouvoir dilué, mais aussi les dirigeants qui veulent limiter l’intervention de l’État dans leurs décisions. C'est un paradoxe car ceux-ci veulent bien leur argent mais pas leur avis.
FRANCE 24 : Les banques manquent-elles encore de transparence ?
On ne sait pas où est la fin de cette crise. Le VCAC est au plus haut depuis ces vingt dernières années.
Bien sûr la transparence aide à diffuser l’information et en ce qui concerne les grandes banques, le minimum est assuré par les autorités boursières.
C’est le mode de rémunération des opérateurs – les bonus – qui doit gagner en transparence. Car aujourd’hui, les opérateurs, ou traders, gagnent quand ils font des bénéfices et lorsqu’ils perdent, l’addition est payée sur le comptes des actionnaires.
Il faut absolument aligner l’intérêt de l’opérateur avec celui des actionnaires. Il s’agit d’établir une ligne d’éthique et modifier le cœur du système de rémunération.
Sofiane Aboura (sofiane.aboura@dauphine.fr) est maître de conférences en finances à Paris-Dauphine. Il est aussi spécialiste des produits dérivés, de la volatilité et des cracks boursiers. Dans l’ouvrage collectif "L’État des entreprises 2009" (éditions repères), il a coécrit le chapitre "Les rémunérations des dirigeants" avec Antoine Renucci.