L'agence de notation Fitch a emboîté le pas à ses homologues Moody’s et Standard & Poor's en abaissant à "négative" la perspective de plusieurs pays de la zone euro, y compris la France, dont le "triple A" semble de plus en plus menacé.
AFP - Les dirigeants européens ne parviennent toujours pas à convaincre d'une issue rapide de la crise de la dette dans la zone euro, dont plusieurs pays pourraient désormais voir leur note dégradée dès le début de l'année prochaine par les trois principales agences de notation.
Quelques jours après Standard and Poor's et Moody's, Fitch Ratings a placé plusieurs pays européens sous surveillance négative, menaçant de les dégrader d'ici la fin janvier en raison de l'absence de perspective d'une sorte rapide de la crise de la dette.
"Une +solution globale+ à la crise de la zone euro est techniquement et politiquement hors de portée" malgré les décisions prises lors du sommet de Bruxelles, a estimé Fitch dans un communiqué vendredi soir.
Fitch a en conséquence menacé d'abaisser la note des dettes souveraines de l'Espagne, de l'Italie, de la Belgique, de l'Irlande, de la Slovénie et de Chypre.
Elle a également placé sous perspective négative celle de la France, tout en maintenant la note de "AAA" soit la meilleure possible. Une perte du triple A, qui pourrait intervenir d'ici deux ans, est particulièrement malvenue pour Paris, déjà sous la menace d'une dégradation des deux autres agences de notation, Moody's et Standard & Poor's, auprès desquelles elle dispose également du précieux sésame.
Fitch a jugé positif l'engagement des dirigeants de l'UE pris à Bruxelles d'accélérer la création du Mécanisme européen de stabilité (MES), mais elle s'inquiète de l'absence de filet de sécurité financière crédible.
Elle a également insisté sur un rôle accru de la Banque centrale européenne (BCE), en réclamant un engagement plus important et plus explicite de l'institution de Francfort afin d'atténuer le risque d'une crise des liquidités pour des Etats solvables mais potentiellement vulnérables en raison du manque de liquidités.
Le ministre français de l'Economie et des Finances français François Baroin a pris acte de la décision de Fitch en rappelant l'engagement de Paris à lutter contre les déficits.
Ces annonces de Fitch interviennent après celles de Moody's et Standard & Poor's, qui pourraient dégrader plusieurs pays européens dans les prochaines semaines.
Moody's a ainsi indiqué lundi qu'elle reverrait les notes des pays de la zone euro et de l'Union européenne au premier trimestre 2012 en raison de l'absence de "mesures décisives" prises lors du sommet européen de Bruxelles.
Quant à Standard & Poor's (S&P), elle a dès le 5 décembre, soit avant le sommet de Bruxelles, menacé de dégrader la note financière de 15 des 17 pays membres de la zone euro, dont l'Allemagne et la France, qui bénéficient toutes deux du "AAA" auprès de l'agence.
Croulant sous le poids de la dette, les pays de la zone euro sont aussi sous la menace d'une possible récession. Vendredi encore, l'Irlande, l'une des victimes de la crise de la dette qui bénéficie d'un plan d'aide massif de l'UE et du FMI, a annoncé de son côté avoir accusé un brusque repli de 1,9% de son PIB au troisième trimestre.
En Italie, le gouvernement était sur le point de faire adopter dans la soirée par les députés le plan d'austérité du gouvernement du nouveau chef du gouvernement italien, Mario Monti.
Intervenant devant les députés, ce dernier a indiqué "espérer" ne pas avoir à demander d'autres "sacrifices" aux Italiens et affirmé qu'il n'avait "aucun doute" sur le fait que l'Italie "se sauvera" de la crise.
M. Monti a répété que le pays, qui croule sous une dette colossale d'environ 1.900 milliards d'euros (soit environ 120% du PIB), n'avait pas d'autre choix.
Adopté le 4 décembre par le gouvernement, le nouveau plan de rigueur italien, le troisième depuis cet été, impose de lourds sacrifices aux Italiens, avec des mesures de réduction du déficit d'environ 20 milliards d'euros et de relance de plus de 10 milliards.
Dans ce contexte, la seule bonne nouvelle pour les Européens est venue d'outre-Manche: la Grande-Bretagne, qui a été le seul pays à apposer un veto fracassant au nouveau traité européen, s'est efforcée vendredi de revenir dans le jeu en acceptant de participer aux réunions d'experts pour pouvoir peser dans les discussions.
Après une séance d'hésitations, les Bourses européennes ont fini en baisse, dans un marché toujours sous pression avant un abaissement de la notation des pays de la zone euro, désormais considéré comme inéluctable.