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Le ministre de la Justice démissionne

Sous la pression de l'opposition conservatrice, le ministre espagnol de la Justice a démissionné. Mariano Fernandez Bermejo est accusé d'avoir instrumentaliser la justice à des fins politiques.

AFP - Le ministre espagnol de la Justice, Mariano Fernandez Bermejo, a démissionné lundi sous la pression de l'opposition, pour sa gestion contestée dans une opération anticorruption visant la droite et pour ses maladresses répétées dans un mouvement de grève des juges.

"En ce moment, le mieux que je puisse faire" pour le gouvernement socialiste, "est de laisser ma place à un autre pour qu'il poursuive cette tâche avec enthousiasme", a expliqué le ministre démissionnaire, lors d'une conférence de presse.

Alors que ce dernier suscitait un malaise grandissant dans les rangs socialistes, le chef de gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero a sobrement confirmé l'annonce, "remerciant" avec retenu M. Bermejo, 61 ans, "pour ses efforts à la tête du ministère de la Justice ces dernières années".

Il a été remplacé par Francisco Caamaño, 46 ans, un spécialiste de droit constitutionnel qui occupait jusqu'à présent le poste de secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement.

Le leader conservateur Mariano Rajoy a salué une démission qu'il réclamait depuis une dizaine de jours. C'est "une très bonne nouvelle", s'est félicité le chef du Parti Populaire (PP, droite), depuis la Galice (nord-ouest) où il mène campagne pour les élections régionales de dimanche.

La droite réclamait avec insistance la tête du ministre, accusé d'avoir rencontré début février le juge Baltasar Garzon lors d'une partie de chasse, peu après le déclenchement par le magistrat d'une opération anticorruption visant des entrepreneurs proches du PP et des élus locaux conservateurs.

Le PP accusait M. Bermejo et le pouvoir socialiste en général de chercher à instrumentaliser la justice à des fins politiques pour détourner l'attention de la violente crise économique que traverse le pays et juste avant des élections régionales en Galice et au Pays Basque (nord).

La partie de chasse du ministre et du juge Garzon avait été mal accueillie également dans les rangs socialistes, d'autant que M. Bermejo avait dû avouer qu'il n'avait pas le permis régional pour participer à cette "inopportune" battue dans le sud de l'Espagne.

M. Bermejo a aussi payé l'accumulation de maladresses dans la gestion de la grogne des magistrats. Exaspérés par le manque de moyens et des déclarations à l'emporte-pièce de leur ministre, les juges espagnols ont très largement suivi mercredi dernier, un appel à la grève de 24 heures, mouvement inédit dans la profession en Espagne.

Le ministre s'était obstiné à qualifier le mouvement de "minoritaire" et avait contre-attaqué en annonçant un projet pour réduire le droit de grève dans les tribunaux.

Le malaise dans la justice espagnole est grandissant. Il a pris corps l'an passé à l'occasion de sanctions contre un juge et sa secrétaire qui avaient laissé par erreur en liberté un pédophile accusé du meurtre d'une fillette, Mari Luz Cortes.

Cette affaire avait mis dans l'embarras le gouvernement socialiste qui avait promis de punir les fautifs mais avait parallèlement mis en lumière une justice espagnole surchargée, accumulant les retards et manquant cruellement de moyens.

Le départ du ministre a été salué par l'ensemble des associations de magistrats qui ont souligné "l'accumulation des problèmes" depuis l'entrée en fonction de M. Bermejo.

Cette démission, la première au sein du gouvernement socialiste depuis les législatives de mars 2008, intervient une semaine à peine avant les élections régionales en Galice et au Pays Basque.