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Le vol de cornes de rhinocéros touche aussi la France

Très prisée en Asie pour ces prétendues vertus thérapeutiques, la poudre de corne de rhinocéros se vend aujourd'hui plus chère que l'or. Un nombre croissant de vols de corne a été commis en Europe, où plusieurs zoos tentent de protéger leurs animaux.

"Le trafic d’animaux est un véritable fléau." L’indignation est perceptible dans la voix d’Edmond de la Panouse, président du parc zoologique de Thoiry (ouest de Paris), alors qu’il commente le vol d’une corne de rhinocéros perpétré mardi 6 décembre au Musée de la chasse et de la nature, à Paris. Deux individus y ont en effet arraché la corne d’un trophée de rhinocéros blanc qui avait été capturé en Afrique du Sud dans les années 1980.

La poudre de corne de rhinocéros est très prisée en Asie où on la croit douée de vertus médicinales, notamment pour soigner les troubles de l’érection. Mais plusieurs rumeurs lui prêtent bien d'autres pouvoirs, comme celui d'agir contre la fièvre, les migraines, la typhoïde ou la variole…

Sous la protection d'hommes armés

Ce n’est pas le premier larcin de ce type en Europe, qui voit naître une nouvelle forme de délinquance. Ces derniers mois, deux vols de cornes ont eu lieu à Vienne (Autriche) et à Lisbonne (Portugaise), où la police a arrêté deux Australiens qui en avaient dissimulé six dans leurs bagages.

Selon la Direction des musées de France, le Muséum de Rouen (Seine-Maritimie), celui

d’histoire naturelle de Blois (Loir-et-Cher) et le musée africain de l’Île-d’Aix (Charente-Maritime) ont subi des vols similaires au cours de cette année.

Face à cette recrudescence, nombre de musées et de zoos redoublent de vigilance. Le parc zoologique de Thoiry a quant à lui décidé de mettre ses trois rhinocéros blancs sous surveillance renforcée.

Car pour le zoo, l’enjeu est de taille. Certains des rhinocéros du parc sont vieux de plus de 30 ans et y ont passé presque autant de temps. "Ils représentent beaucoup en termes de travail, de soins d’investissement", explique le président du zoo.

Pour Edmond de la Panouse, "il faut que ces vols permettent une prise de conscience dans l’opinion publique de la difficulté qu’est devenue la protection de la biodiversité. Rendez-vous compte que dans certains endroits du globe on se voit obligé de placer les rhinocéros sous la protection de forces de sécurité armées". Pays où la lutte contre le braconnage a pourtant porté ses fruits, l’Afrique du Sud est en effet contrainte de placer plusieurs de ses animaux sous la protection d’hommes armés.

Dans la "nation arc-en-ciel", un nouveau record a d’ailleurs été atteint : selon les parcs nationaux sud-africains, 405 rhinocéros ont été tués par des braconniers cette année contre 333 en 2010.

"Tués pour rien"

"Ce qui se passe dans les musées d’Europe n’est qu’une infime partie du braconnage qui sévit en milieu naturel à travers le monde", déplore Edmond de la Panouse, qui rappelle que le trafic d’animaux est le second trafic mondial après celui de la drogue.

"Les braconniers et les trafiquants, de véritables mafieux, sont prêts à tout vu le prix de la corne de rhinocéros aujourd’hui", dénonce-t-il encore. L'objet de toutes les convoitises se vend en effet à prix d’or. Et même plus, à en croire le quotidien britannique The Guardian selon qui "la demande est tellement soutenue que la valeur de la corne est actuellement estimée à 60 000 livres [68 000 euros] par kilogramme, soit deux fois la valeur de l’or".

Ce qui révolte le plus Edmond de la Panouse c’est que "tout ceci est inutile". De nombreuses recherches scientifiques ont en effet prouvé que la corne de rhinocéros est principalement formée de kératine, c'est-à-dire de la même substance que les cheveux et les ongles humains. "Si se ronger les ongles avait des vertus contre l’impuissance cela se saurait, raille-t-il. Tous ces rhinocéros sont tués pour rien."

Tags: Biodiversité,