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Mikhaïl Gorbatchev appelle à de nouvelles élections

Face à une contestation sans précédent, l'ancien président soviétique a réclamé mercredi l'annulation des élections législatives remportées dimanche par le parti de Vladimir Poutine et demandé la tenue d'un nouveau scrutin.

AFP - L'opposition russe ne désarmait pas mercredi après les centaines d'interpellations de la veille, appelant à de nouvelles manifestations contre les législatives remportées par le parti au pouvoir, et recevant le soutien de l'ex-président soviétique Mikhaïl Gorbatchev.

"Je considère que les autorités ne peuvent prendre qu'une seule décision: annuler les résultats des élections et en organiser de nouvelles", a déclaré M. Gorbatchev, cité par Interfax.

"La direction du pays doit reconnaître qu'il y a eu beaucoup de falsifications et de manipulations, et que les résultats ne reflètent pas la volonté des électeurs", a-t-il ajouté.

"Il y a chaque jour plus de Russes qui ne croient pas en l'impartialité des résultats annoncés. Et, selon moi, ignorer l'opinion publique discrédite les autorités et déstabilise la situation", a encore déclaré le père de la Perestroïka et Prix Nobel de la Paix.

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Précisions sur les interpellations de manifestants avec notre correspondante
Mikhaïl Gorbatchev appelle à de nouvelles élections

Les élections législatives remportées dimanche par Russie unie avec un peu moins de 50% des suffrages -- un score en chute de 15 points par rapport au scrutin de 2007 - ont été caractérisées par de nombreuses irrégularités, selon l'opposition et les observateurs étrangers.

Les autorités russes affirment pour leur part que le scrutin a été parfaitement libre et honnête et rejettent toutes les accusations de fraudes.

L'opposition libérale, dont des manifestations lundi et mardi ont été réprimées par les forces de l'ordre avec des centaines d'interpellations et la condamnation de deux de ses leaders, Ilia Iachine et Alexeï Navalny, à 15 jours de prison, a appelé à de nouveaux rassemblements.

Mercredi après-midi, les forces de l'ordre se déployaient de nouveau sur la place Trioumfalnaïa à Moscou, lieu d'une manifestation la veille au cours de laquelle ont été arrêtées sans ménagement près de 600 personnes, en prévision d'un nouveau rassemblement dans la soirée, ont rapporté les agences russes.

Un groupe dénommé "Contre le parti des escrocs et des voleurs", formule désormais populaire dans le pays pour désigner le parti au pouvoir Russie Unie, appelle sur Facebook à se rassembler tous les jours à 19H00 (15H00 GMT) dans Moscou.

Un autre groupe baptisé "Manifestation pour des élections honnêtes" appelait de son côté, sur plusieurs réseaux sociaux, à se préparer à un nouveau rassemblement samedi après-midi Place de la Révolution, à deux pas du Kremlin, en plein centre de Moscou.

L'ancien vice-Premier ministre Boris Nemtsov, un des leaders de l'opposition libérale, a invité toutes les formations politiques, y compris les nationalistes, à participer à cette manifestation.

"Seules de nouvelles élections sans censure peuvent montrer ce que veut peuple russe", a-t-il déclaré à la radio Echo de Moscou.

L'avocat et blogueur anti-corruption Alexeï Navalny, interpellé lundi et condamné le lendemain à 15 jours de prison, est connu pour être proche à la fois de l'opposition libérale et des milieux ultra-nationalistes.

Le dirigeant du mouvement ultra-nationaliste "Les Russes", Dmitri Demouchkine, a indiqué de son côté avoir obtenu l'autorisation de la mairie de Moscou pour organiser un rassemblement dimanche dans la capitale, selon Interfax.

Les rassemblements des deux derniers jours à Moscou et Saint-Pétersbourg, modestes dans l'absolu, mais d'une ampleur sans précédent depuis les années 1990, ont fait évoquer à la presse russe "l'éveil d'une nouvelle génération".

Mardi, deux manifestations à Moscou et Saint-Pétersbourg ont été dispersées sans ménagement par les forces anti-émeute, avec près de 600 arrestations dans la capitale, et environ 200 dans l'ancienne capitale impériale.

Lundi, des milliers d'opposants (2.000 selon la police, 10.000 personnes selon les organisateurs), s'étaient déjà rassemblés dans la capitale russe et 300 personnes avaient été interpellées.

Cette vague inédite de mécontentement n'a pas empêché Vladimir Poutine de déposer officiellement sa candidature pour l'élection présidentielle de mars 2012 à la Commission électorale centrale.

Au même moment, près de 3.000 manifestants pro-pouvoir étaient rassemblés mercredi après-midi sur la place Pouchkinskaïa, dans le centre de Moscou, selon la police.

Les opposants ont par ailleurs reçu le soutien de l'ancien maire de Moscou, Iouri Loujkov, limogé par le Kremlin il y a un an.

Après des déclarations la veille du président Dmitri Medvedev qui avait dénié aux organisations internationales le droit de commenter "l'état du système politique russe", le ministère des Affaires étrangères a dénoncé mercredi les appréciations "subjectives, discutables et politisées" de certaines missions d'observateurs électoraux, dans un communiqué.

La mission d'observateurs de l'OSCE avait évoqué lundi des irrégularités "fréquentes" et même du "bourrage des urnes" lors de ces élections.

La secrétaire d'Etat des Etats-Unis, Hillary Clinton, avait estimé mardi que les élections n'avaient été "ni libres, ni équitables", des propos jugés "inacceptables" par la diplomatie russe.

La France a jugé mercredi "préoccupante" la répression des manifestations.

La télévision russe continuait de son côté mercredi de passer sous silence le mouvement de contestation.