La tension s'accentue en République démocratique du Congo, une semaine après le scrutin présidentiel. L’opposition conteste les résultats partiels, et l’Église, qui s’était engagée à donner des résultats de façon indépendante, a fait machine arrière.
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Une semaine après les élections législatives et présidentielle en République démocratique du Congo (RDC) se dessine le scénario que nombre d’observateurs redoutaient. Alors que les résultats partiels commencent à tomber – et à être contestés – la tension monte dangereusement dans le pays.
En deux jours, près de 3 000 Congolais ont fui la capitale Kinshasa pour Brazzaville par crainte des violences. Le jour des élections, 14 personnes ont trouvé la mort dans les rues de la ville, tuées, selon l’organisation Human Rights Watch, par les forces de l’ordre. En 2006, au lendemain de l’élection présidentielle, la ville s’était enflammée, provoquant plusieurs centaines de morts. Par ailleurs, un couvre-feu a été instauré à Mbuji-Mayi, capitale du Kasaï -Oriental et fief d’Étienne Tshisekedi, principal opposant du président sortant Joseph Kabila. La garde républicaine a en outre été déployée à Lubumbashi, capitale du Katanga.
La commission électorale a donné des résultats partiels dimanche, selon lesquels Joseph Kabila devancerait Étienne Tshisekedi. L’opposition a fermement rejeté ces résultats. "L’opposition souligne que la commission ne précise pas de quels bureaux de vote elle parle, et donc pour les observateurs et ces partis d’opposition, il est impossible de vérifier ces chiffres", rapporte Nicolas Germain, envoyé spécial en RDC.
L’Église congolaise ne prend pas parti
Avant les élections, l’Église congolaise, qui joue un rôle primordial dans la vie sociale et politique du pays, s’était engagée à donner les grandes tendances des résultats avec l’aide du Centre Carter, une association de défense des droits de l’Homme basée aux États-Unis. Pourtant, dimanche, monseigneur Nicolas Djomo, président de la conférence épiscopale du Congo, a fait machine arrière. "Nous ne pouvons pas nous mêler au débat politique", a-t-il déclaré au micro de FRANCE 24. "Nous en appelons à tous les acteurs politiques, à tous les leaders, de freiner le train qui fonce tout droit dans un mur. Nous en souffrons et nous sommes inquiets […]. Nous ne faisons qu'un appel à la conscience et à la responsabilité".
Quelque 30 000 observateurs de l’Église catholique ont été déployés dans des bureaux de vote le jour du scrutin. Il s’agissait du plus important contingent d’observateurs mobilisé dans le pays. Mais l’Église n’a rien laissé filtrer sur leurs constatations ni sur les chiffres qu’ils ont recueillis, estimant qu’elle dispose de trop peu d’éléments pour se prononcer.
L’opposition fustige le manque de courage de l’Église, néanmoins le camp de Joseph Kabila salue sa "sagesse" : "L’Église a fait son devoir, estime Cherubin Okende, coordinateur des communications de la majorité présidentielle. L’Église a aussi cette obligation de pouvoir alerter l’opinion nationale lorsqu’il y a un danger qui menace la vie même de la nation, et aujourd’hui, […] nous sommes en train d’aller droit dans le mur".
Des résultats provisoires devraient officiellement être annoncés le 6 décembre mais nombre d’observateurs doutent que la commission électorale soit en mesure de le faire. Les résultats définitifs devraient être annoncés le 17 décembre prochain.