Cette décision, qui intervient deux jours après le saccage de l'ambassade britannique en Iran, fait suite au rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique selon lequel Téhéran a travaillé à la fabrication d'une arme atomique.
AFP - L'Europe a durci jeudi ses sanctions contre l'Iran du fait de son programme nucléaire controversé, deux jours après le saccage de l'ambassade britannique à Téhéran, et menace de s'attaquer d'ici fin janvier aux secteurs des finances et du pétrole iraniens.
Les ministres européens des Affaires étrangères réunis à Bruxelles ont gelé les avoirs et interdit de visa 143 nouvelles sociétés ou organisations iraniennes et 37 personnes supplémentaires.
Cette décision fait suite au rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique
De hauts responsables de l'administration Obama ont indiqué jeudi que celle-ci pourrait soutenir "en temps utile" des sanctions contre la banque centrale iranienne, tout en mettant le Congrès en garde contre les risques d'une telle mesure.
Une telle initiative devrait être "bien conçue et bien ciblée", a souligné lors d'une audition au Sénat Wendy Sherman, directrice politique du département d'Etat.
Les chefs des deux partis de la Chambre des représentants ont réclamé à l'administration Obama de sanctionner la banque centrale d'Iran afin de perturber le programme nucléaire de Téhéran, selon le texte d'une lettre au président Barack Obama rendue publique le 18 novembre.
(AIEA) qui vient d'étayer les soupçons des Occidentaux selon lesquels Téhéran, malgré ses démentis, a travaillé à la fabrication d'une arme atomique.
L'UE a en outre "décidé de travailler sur des sanctions plus dures et sans précédent sur les secteurs financier et pétrolier", a annoncé le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé.
Une déclaration évoque la préparation de nouvelles mesures contre "le système financier iranien, le secteur des transports, de l'énergie" ainsi que "contre la Garde iranienne révolutionnaire et d'autres secteurs" pour la prochaine réunion des ministres de l'UE le 30 janvier 2012.
La formulation trouvée est "assez vague" pour continuer à travailler sur un embargo pétrolier, une option soutenue par l'Allemagne et la France notamment, mais qui se heurte aux réticences de certains Etats dépendant du pétrole iranien, a expliqué un diplomate européen.
"La Grèce a émis un certain nombre de réserves", a reconnu M. Juppé. Tout en promettant d'en tenir compte, il a jugé "tout à fait possible" de "travailler avec les différents partenaires pour que l'interruption des livraisons de l'Iran puisse être compensée par l'augmentation de la production dans d'autres pays".
L'UE a importé 5,8% de son pétrole brut d'Iran, soit 30,3 millions de tonnes en 2010, indique la Commission européenne. L'essentiel --un bon tiers-- va à l'Italie, suivie de l'Espagne, la Belgique et la Grèce.
Le brut iranien représente 14,6% des importations en Espagne, 14% en Grèce, 13,1% en Italie.
Tout en s'y disant favorable, le Suédois Carl Bildt s'est interrogé sur "l'impact" réel de la mesure qui ne concernerait pas la Chine, principal client de l'Iran.
Les Européens redoutent aussi une possible une hausse des prix du pétrole et donc des recettes de l'Iran.
Selon l'agence Fitch, l'embargo n'affecterait que peu BP, Shell, Total ou Eni, qui profiteront au final d'une hausse des cours.
Outre l'embargo pétrolier, l'UE a mis dans sa ligne de mire la Banque centrale iranienne, ainsi que la banque Tejarat, qui a des filiales au Royaume-Uni, en France, en Allemagne, ainsi qu'en Chine, aux Emirats Arabes unis et au Tadjikistan, selon un diplomate.
L'offre de négociation du groupe des 5+1 est toujours sur la table, a affirmé la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton en déplorant toujours attendre une réponse à sa dernière lettre.
Israël a pour sa part exclu "à l'heure actuelle" une attaque contre les installations nucléaires iraniennes en guise de rétorsion.
Le saccage mardi de la chancellerie britannique dans la capitale iranienne a jeté de l'huile sur le feu.
L'UE s'est dite "outragée" par ce qu'elle considère comme une action "contre l'ensemble de l'UE" et a évoqué des "mesures appropriées en réponse".
En solidarité avec Londres qui a fermé son ambassade, "nous avons décidé de coordonner nos décisions de rappel de nos ambassadeurs", a expliqué Alain Juppé.
Paris, Amsterdam et Berlin l'ont déjà fait. Et Rome a dit "examiner" cette possibilité.
Ces décisions témoignent de "l'isolement croissant" de l'Iran, ont commenté les Etats-Unis.