Islamabad n'assistera pas à la conférence internationale sur l'Afghanistan prévue à Bonn le 5 décembre. Une nouvelle mesure de rétorsion après les frappes aériennes de l'Otan qui ont tué 24 soldats pakistanais, samedi, à la frontière afghane.
REUTERS - Le Pakistan boycottera la conférence sur l’avenir de l’Afghanistan prévue la semaine prochaine à Bonn, pour protester contre la “bavure” de l’aviation de l’Otan dans laquelle 24 de ses soldats ont trouvé la mort samedi dernier, ont déclaré mardi les autorités d’Islamabad.
Cette annonce a suscité la surprise de Kaboul et Washington, intéressées au premier chef.
it“Le Pakistan espère que cette conférence sera couronnée de succès mais, dans les circonstances actuelles, il a été décidé de ne pas participer à la conférence”, précise un communiqué du gouvernement pakistanais.
Cette décision pourrait signifier que le Pakistan n’usera pas de son influence auprès des taliban pour les convaincre de s’asseoir à la table des négociations.
La conférence est censée réunir les principales parties prenantes au dossier afghan pour faire l’état des lieux sur la sécurité dans le pays, où le départ des troupes de l’Otan est prévu fin 2014.
Le président afghan Hamid Karzaï, qui présidera la conférence, a dit avoir appelé le Premier ministre Yusuf Raza Gilani pour tenter de le convaincre.
“J’espère qu’ils reviendront sur leur décision et finiront par venir à la conférence”, a dit Karzaï au site internet du magazine allemand Der Spiegel.
Le département d’Etat américain a jugé, par la voix de son porte-parole Mark Toner, qu’il était “dans l’intérêt du Pakistan de venir”.
“Le Pakistan a un rôle crucial à jouer pour la sécurité et la stabilité d’un Afghanistan prospère”, a dit Mark Toner.
La conférence de Bonn réunira l’ensemble de la communauté internationale, dont la Chine, le Japon, l’Iran et l’UE.
Un diplomate en poste à Kaboul juge à ce titre que le Pakistan commettrait “une très grande erreur de calcul” en ne faisant pas le déplacement.
Manifestations contre l'Otan
Cette décision est la dernière en date prise par le Pakistan pour maintenir la pression sur les Etats-Unis, l’Afghanistan et l’Otan.
L’attaque lancée samedi dans le nord-ouest du Pakistan est considérée dans le pays comme une nouvelle provocation des Etats-Unis, qui avaient déjà exaspéré l’armée pakistanaise en organisant le raid secret dans lequel Oussama ben Laden a trouvé la mort en mai dans la ville d’Abbottabad.
Les relations entre les Etats-Unis et le Pakistan n’ont jamais été aussi mauvaises dans l’histoire récente, a reconnu lundi le général Martin Dempsey, chef d’état-major interarmes américain.
Un représentant de l’Otan et un responsable de la sécurité afghane ont déclaré que les soldats de l’Otan avaient riposté à des tirs venant du côté pakistanais de la frontière. L’armée pakistanaise a démenti avoir tiré sur les forces de l’Otan.
“C’est un incident tragique et non intentionnel. Nous déterminerons ce qui s’est produit et en tirerons les leçons qu’il faut”, a dit le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, dans un communiqué où il a exprimé son soutien total à une enquête ouverte par l’Alliance atlantique.
Les résultats d’une autre enquête, réalisée par les Etats-Unis, devraient être connus le 23 décembre, selon les autorités militaires.
Au Pakistan, la colère contre l’Otan ne diminue pas. Entre 300 et 400 membres du Tehreek-i-Insaaf, le parti de l’ancien joueur de cricket Imran Khan, ont bloqué mardi une route à Lahore pendant plus d’une heure.
A Multan, dans la province orientale du Pendjab, environ 300 contestataires ont crié leur haine des Etats-Unis, en scandant “mort à l’Amérique” et en brûlant des drapeaux des Etats-Unis et de l’Otan.