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Des troupes éthiopiennes seraient entrées en Somalie, selon des témoins

Des responsables locaux affirment que des troupes éthiopiennes avec des camions et des véhicules blindés sont entrées en Somalie ce samedi. En réaction, les Shebab somaliens promettent de "briser les reins des envahisseurs".

AFP - Les rebelles somaliens shebab ont averti dimanche qu'ils allaient "briser les reins" des troupes éthiopiennes au lendemain de l'annonce par des témoins de l'entrée en Somalie de centaines de soldats éthiopiens.

"Des soldats de notre ennemi, les colonialistes noirs d'Ethiopie, ont fait mouvement dans notre région samedi mais ils ne nous font pas peur", a dit à la radio Sheikh Yusuf Ali Ugas, l'un des chefs des insurgés dans la région d'Hiran (centre de la Somalie).

"Nous allons briser les reins des envahisseurs (...) nos troupes sont prêtes à tout, si l'ennemi éthiopien tente de nous attaquer", a assuré M. Ugas sur la radio Al Andalus.

Les troupes éthiopiennes avec des camions et des véhicules blindés sont entrées dans le centre et le sud de la Somalie samedi, selon des responsables locaux. Le porte-parole du ministre éthiopien des Affaires étrangères Dina Mufti a toutefois qualifié ces informations d'"absolument fausses".

Le Kenya a annoncé dimanche que ses chasseurs avec un soutien naval naval avaient détruit deux bases shebab dans la région de Lower Juba dans le sud de la Somalie, a indiqué dans un communiqué le porte-parole de l'armée, le commandant Emmanuel Chirchir.

Des observateurs locaux ont rapporté que dans le port de Kismayo, fief des shebab, des Somaliens armés avaient attaqué un bateau dimanche matin, mais le commandant Chirchir a démenti ces témoignages, affirmant qu'aucun "bateau de guerre n'a été coulé ou pris".

Les insurgés shebab ont aussi assuré avoir tendu une embuscade aux forces kényanes entre les petits villages de Taabto et Dobley (près de la frontière avec le Kenya).

"Nous avons tendu une embuscade aux envahisseurs chrétiens kényans (...) Les combattants moudjahidin ont détruit un véhicule blindé et tué des dizaines d'ennemis", a déclaré le commandant sbebab de Kismayo, Sheikh Ibrahim Mohamed.

Un communiqué de l'armée kényane ne fait pas mention de cette attaque, mais des notables locaux confirment qu'il y a eu des combats à l'arme lourde.

"Nous avons vu des ambulances militaires kényanes se diriger vers le secteur mais je ne peux pas dire combien il y a eu de morts", a déclaré un notable Abdulahi Qorane.

"Nous avons vu de la fumée et entendu de fortes explosions mais nous ne savons pas si la fumée provenait d'un véhicule détruit, les deux parties ont échangé des tirs à l'arme lourde", a indiqué un autre notable Ahmed Moalim.

Si l'incursion éthiopienne est confirmée, ce serait la plus importante depuis l'intervention des troupes d'Addis Abeba soutenues par les forces américaines en 2006, pour déloger les tribunaux islamiques. L'armée éthiopienne les avait rapidement mis en déroute mais elle n'avait pas réussi à pacifier le centre et le sud du pays. Elle avait fini par se retirer début 2009 permettant l'émergence des shebab.

La Somalie est sans gouvernement effectif et ravagée par des conflits incessants depuis 1991. Le pays est aussi frappé par une grave crise alimentaire, conséquence de ces violences et de la terrible sécheresse qui a récemment touché la Corne de l'Afrique.

Vendredi, les Nations unies ont levé l'état de famine dans trois provinces du sud somalien, contrôlé par les shebab. Trois autres restent cependant en famine, selon l'ONU.

Les forces kenyanes sont déjà présentes dans le sud somalien. Nairobi y a lancé le 14 octobre une offensive militaire pour déloger les shebab, qu'elle rend responsables d'une série d'enlèvements et d'attaques terroristes sur son territoire.