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Au Caire, islamistes et opposition libérale mobilisés pour un transfert du pouvoir

Ce vendredi en Égypte, des islamistes et des membres de l'opposition libérale se sont rassemblés place Tahrir, au Caire, pour demander un transfert du pouvoir - aux mains de l'armée. En cause notamment : un projet de charte constitutionnelle.

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AFP - Des dizaines de milliers de manifestants, en majorité islamistes, se sont rassemblés vendredi place Tahrir au Caire pour exiger que l'armée transfère au plus tôt le pouvoir aux civils et dénoncer un projet accusé de permettre aux militaires de garder des privilèges.

La manifestation regroupait également des sympathisants de formations laïques libérales ou de gauche, ainsi que des mouvements pro-démocratie à l'origine de la révolte qui a renversé le président Hosni Moubarak en février.

Des milliers de personnes ont également défilé à Alexandrie (nord), la deuxième ville du pays et bastion traditionnel des Frères musulmans, selon l'agence officielle Mena.

Ces rassemblements étaient organisés dix jours avant les premières élections législatives depuis la chute de M. Moubarak, qui doivent débuter le 28 novembre pour s'étaler sur près de quatre mois.

L'armée, qui tient les rênes du pays depuis la démission du raïs le 11 février, a promis de céder le pouvoir aux civils une fois élu un nouveau président, mais aucune date n'a encore été fixée pour cette échéance qui pourrait ne pas avoir lieu avant la fin 2012 voire 2013.

"Le peuple réclame un calendrier pour la remise du pouvoir", pouvait-on lire sur une grande banderole déployée sur la place Tahrir, épicentre des manifestations du début de l'année qui ont poussé M. Moubarak au départ.

"Ceux qui nous dirigent pensent peut-être que le temps va nous faire oublier notre cause. Ils se trompent", a déclaré lors d'un sermon devant les manifestants l'imam Mazhar Chahine, en allusion au Conseil suprême des forces armées (CSFA) au pouvoir depuis près de dix mois.

Les griefs portent également sur un projet de charte de principes constitutionnels présenté par le vice-Premier ministre Ali Silmi, accusé de réduire les prérogatives du prochain Parlement.

Le projet, au centre de querelles depuis des jours et plusieurs fois amendé, pourrait priver le Parlement du droit de contrôler le budget de l'armée, et laisserait aux militaires le dernier mot pour toute législation les concernant.

Réclamée à l'origine par les groupes libéraux et laïcs, cette charte est désormais accusée de limiter la marge de manoeuvre de la commission qui sera formée par le prochain Parlement pour rédiger une nouvelle Constitution.

"Tant que le CSFA sera au pouvoir, le Parlement n'aura aucune souveraineté", déclarait Adham Hani, un habitant de la province de Minya, en Moyenne-Egypte, venu manifester à Tahrir.

Malgré la présence de manifestants laïcs, ces rassemblements se voulaient une démonstration de force des islamistes, au premier rang desquels les Frères musulmans, à quelques jours de l'ouverture du scrutin législatif.

"A ceux qui redoutent les mouvements islamistes en Egypte, je dis qu'il ne faut pas avoir peur de l'islam dans notre pays. Qu'on le veuille ou non, l'Egypte est un pays islamique", a déclaré l'imam Chahine.

Le responsable religieux a plaidé pour "un Etat civil qui soit une démocratie, avec une vision islamique, et qui permette aux gens de pratiquer leurs droits démocratiques".

La manifestation intervenait au lendemain de jets de pierres et de bouteilles contre une manifestation de centaines de chrétiens coptes au Caire, qui défilaient pour protester après la mort le 9 octobre de 25 personnes, principalement des Coptes, lors de heurts avec l'armée.