
Dans un rapport publié jeudi, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) préconise une protection renforcée des "fonctions vitales" des réacteurs français. Mais il assure qu'aucune fermeture de réacteur n'est nécessaire.
REUTERS - Les fonctions vitales des réacteurs nucléaires français doivent être mieux protégées pour pouvoir résister à tous les risques de catastrophes naturelles, mais aucun réacteur en particulier ne mériterait d’être fermé aujourd’hui, a déclaré à Reuters Jacques Repussard, le directeur général de l’IRSN.
Suite à la catastrophe de Fukushima, la France, comme d’autres pays européens, a lancé un audit sur les 58 réacteurs de son parc nucléaire ainsi que sur l’EPR de Flamanville actuellement en construction.
L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a remis ce jeudi à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) un rapport de 500 pages présentant ses recommandations pour éviter un accident nucléaire majeur en cas de catastrophe naturelle.
C’est sur la base de celles-ci que l’ASN rendra d’ici la fin de l’année ses conclusions au gouvernement.
L’ASN a annoncé de son côté qu’elle rendrait début 2012 ses conclusions sur les évaluations complémentaires de sûreté des installations nucléaires françaises, alors que ces conclusions étaient à l’origine attendues fin 2011.
« L’ASN imposera les prescriptions complémentaires appropriées, voire recommandera, le cas échéant, au gouvernement l’arrêt des installations concernées », a fait savoir l’autorité de sûreté dans un communiqué.
Pour Jacques Repussard, « il faut créer un noyau dur autour des systèmes vitaux du réacteur, comme les fonctions ultimes de refroidissement et d’alimentation électrique », a déclaré Jacques Repussard.
Scenarii catastrophes
« Par exemple, il faut que, dans chaque réacteur, il y ait au moins un générateur diesel qui soit en hauteur, indépendant et protégé, y compris son alimentation, et qui tienne même en cas de séisme très violent », a-t-il expliqué à Reuters au cours d’une interview téléphonique.
L’IRSN a envisagé plusieurs scenarii catastrophes, comme l’effondrement de tous les barrages français ou encore la destruction de villes comme Nice suite à un séisme.
L’expert rappelle qu’en France, les plus anciens réacteurs ont généralement été construits deux par deux pour limiter les risques, la possibilité qu’un grave problème puisse toucher en même temps les deux sites n’ayant pas été envisagée à l’époque.
L’institut de recherche n’est pas en mesure d’estimer le montant ni le calendrier des travaux que devra opérer EDF , opérateur de l’ensemble du parc nucléaire français.
« C’est un plan industriel d’une certaine ampleur qui devra prendre en compte des arrêts de tranche. Nous souhaitons un calendrier de mise en oeuvre établi sur quelques années », a dit Jacques Repussard, précisant que, sur l’EPR, ces travaux devront être réalisés immédiatement.
Le rapport de l’IRSN souligne que la sécurité de tous les réacteurs pourra être remise à niveau et que par conséquent aucun réacteur ne mérite d’être fermé.
« Il n’y a pas de raison de sûreté de fermer tel ou tel site. Ce sera un choix économique ».