Le successeur de Berlusconi a repris les discussions avec les grands partis afin de former un gouvernement pour résoudre la crise de la dette. Il a débuté par un entretien avec les représentants du Parti démocrate, le principal mouvement de gauche.
AFP - L'ex-commissaire européen Mario Monti, chargé de former un nouveau gouvernement en Italie, est entré mardi dans le vif du sujet en consultant les plus grands partis politiques, le patronat et les syndicats, sur un programme qui comportera "peut-être des sacrifices".
itM. Monti a vu tôt mardi la délégation du Parti démocrate (PD), principal mouvement de la gauche italienne, représenté par son chef Pier Luigi Bersani et deux autres dirigeants. Il devrait se rendre dans la soirée chez le président Giorgio Napolitano pour accepter officiellement de diriger le nouvel exécutif.
"Nous offrons un soutien entier et convaincu à un gouvernement prestigieux et de type technique, non pas pour soutenir moins, mais pour soutenir mieux Mario Monti", a déclaré M. Bersani à l'issue de la rencontre, confirmant la volonté de son parti de ne pas envoyer de ministres au gouvernement.
Le Premier ministre désigné cherche à impliquer les principaux partis dans son gouvernement, où il souhaiterait voir siéger des politiques et pas seulement des technocrates afin de disposer d'un soutien plus fort au Parlement.
"Monti a peur. Il craint que son gouvernement ne se retrouve sans parrains politiques, destiné à durer quelques mois seulement et fouetté par la guérilla parlementaire", affirmait mardi le quotidien La Repubblica.
"La qualité de l'appui que le PD et le PDL (parti de Silvio Berlusconi) s'apprêtent à fournir est plutôt piètre et c'est un danger dont le Professeur (Monti, ndlr) est bien conscient quand il demande un +soutien convaincu+ à son effort", ajoute le journal.
Plusieurs quotidiens évoquent le danger d'une "vietnamisation" du Parlement où le nouveau gouvernement pourrait se trouver dépourvu d'une vraie base et incapable de faire adopter les réformes économiques nécessaires, notamment les plus impopulaires.
Pour le quotidien de référence, Corriere della Sera, la seule force du gouvernement Monti est qu'il représente "un vaste mouvement d'opinion publique regroupant pour la première fois ceux qui n'ont jamais voté Berlusconi et ses nombreux partisans qui demandent maintenant à quelqu'un d'autre de nous sortir de l'ornière car leur favori s'en est montré incapable".
M. Monti, conscient de cette situation, a cherché visiblement à renforcer sa +base populaire+ en introduisant une nouveauté dans les consultations préalables à la formation de son équipe, en ajoutant des rencontres avec les partenaires sociaux ainsi que les jeunes et les femmes mardi après-midi.
Interrogé lors d'une conférence de presse lundi soir sur ce qui attend les Italiens, M. Monti a répondu: "Du sang non, des larmes non plus, des sacrifices peut-être".
Il devra s'occuper de dossiers politiquement et socialement délicats, comme la question des retraites à l'ancienneté (après 40 ans de travail), ou de la flexibilité du marché du travail.
Sur l'hypothèse de nouvelles mesures de rigueur après deux plans d'austérité de 60 milliards depuis juillet, M. Monti a jugé "prématuré de répondre dès maintenant", mais La Repubblica a chiffré à 29 milliards d'euros le montant des économies supplémentaires nécessaires en 2012 et 2013 pour respecter les engagements pris envers l'UE.
La trêve que les marchés ont accordée à l'Italie après la désignation de Mario Monti a d'ailleurs été de courte durée et mardi en fin de matinée, la bourse de Milan perdait environ 2% tandis que les taux des titres de dette italiens à 10 ans ont refranchi le seuil périlleux des 7%.
L'Italie inquiète les marchés en raison de sa dette colossale (1.900 milliards d'euros, 120% du PIB). M. Monti leur a réclamé un peu de "patience" en soulignant que le pays est une "démocratie" qui prévoit des "délais précis" pour former un gouvernement et élaborer un programme.