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Lucas Papadémos, un banquier à la rescousse de la Grèce

La Grèce a un nouveau Premier ministre : l'économiste et banquier Lucas Papadémos. Ce dernier a prêté serment le 11 novembre et annoncé la formation d'un nouveau gouvernement d'union nationale. Portrait de celui qui redonne espoir à Athènes.

C’est désormais sur lui que les regards se braquent. Le nouveau Premier ministre grec, Lucas Papadémos, nommé jeudi 10 novembre, a du pain sur la planche pour redresser l’économie d'un pays dont l'endettement est estimé cette année à 162 % du PIB et faire face à une nouvelle année de récession. Cette crise aura eu raison de Georges Papandréou, définitivement discrédité après avoir proposé un projet de référendum sur le plan de sauvetage mis au point par l’Union européenne.

Papadémos, le spécialiste

Successivement gouverneur de la Banque centrale en Grèce (1994-2002), vice-président de la Banque centrale européenne (BCE) de 2002 à 2010, puis conseiller de Georges Papandréou, Lucas Papadémos a acquis une légitimité auprès des créanciers du pays et de ses pairs. Son poste d’enseignant à l'université américaine de Harvard ainsi qu’un passage par la Réserve fédérale de Boston ont achevé d’asseoir son influence sur la scène internationale. En 2002, il fait partie de ceux qui permettent à la Grèce d’intégrer la zone euro.

Longtemps dans l’ombre du président de la BCE Jean-Claude Trichet, Papadémos s’est plusieurs fois exprimé en faveur des réformes structurelles et de l’application de mesures d’austérité, afin de réduire la dette grecque.

Réformes structurelles et mesures de rigueur

Mais voilà qu’aujourd’hui, c’est à son tour d’occuper le devant de la scène. Sa mission : diriger un tout nouveau gouvernement de coalition composé de la majorité socialiste (Pasok), du principal parti d'opposition de droite (Nouvelle-Démocratie, ND) et de l'extrême droite (Laos). Le nouveau chef de l'exécutif, sous pression de l’Union européenne et du Fonds monétaire international, devra également convaincre le Parlement d’adopter le plan de sauvetage élaboré à Bruxelles le 27 octobre dernier. En cas de victoire, la Grèce percevra la sixième tranche du prêt de l’Union européenne, de 8 milliards d’euros, lui permettant ainsi d’éviter l’exclusion de la zone euro.

L’arrivée de Papadémos à la tête de l’État a d’ores et déjà rassuré les marchés, qui ont ouvert en légère hausse au lendemain de l’annonce de sa nomination. Toutefois, la confiance qu’il inspire aux investisseurs ne sera peut-être pas la même auprès du peuple. Méconnu jusqu’à présent dans son pays, le nouvel homme fort va devoir imposer des mesures d’austérité supplémentaires aux Grecs, un mauvais point pour sa cote de popularité.

"La victoire de la raison"

Ce banquier de 64 ans représente un changement radical avec le gouvernement Papandréou. En tant qu’outsider, il n’est issu d’aucune des familles régnantes sur la vie politique grecque (les Caramanlis et les Papandréou notamment). De plus, Papadémos le technicien s’oppose à Papandréou le politique. Ilios Yannakakis, historien et politologue, contacté par FRANCE 24, s’en félicite : "Il n’est marqué ni à gauche, ni à droite, c’est une bonne chose. Le bras de fer politique de ces derniers jours n’a donné raison à aucune mouvance, c’est la victoire de la raison."

Grâce à son indépendance politique, Papadémos aurait donc la capacité de former un gouvernement équilibré entre les différents partis. Parfois décrit comme introverti, ce technocrate incarne plutôt le contraire de la démagogie, corrige M. Yannakakis. Un homme en dehors de la sphère politique, dont le sens des responsabilités fait légion.

Du côté de la BCE, où il a officié entre 2002 et 2010, le nom du nouveau Premier ministre provoque aussi les éloges. L’homme était un patron "accessible, modeste et perfectionniste", à en croire un collaborateur au service de presse de l’organisme, qui a souhaité garder l’anonymat.

De grands espoirs pèsent donc sur le nouveau chef de gouvernement, dont l’arrivée a été accueillie avec soulagement en Grèce. Reste à savoir si cet homme de "raison" usera de suffisamment de passion dans sa bataille contre la crise de la dette.