La guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) a déclaré samedi soir qu'elle poursuivrait le combat en dépit de la mort de leur chef Alfonso Cano, rejetant la demande de dialogue du gouvernement colombien.
AFP - La guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie a assuré samedi soir que son combat se poursuivrait après la mort de son chef Alfonso Cano, restant sourde aux appels à la démobilisation et au dialogue du gouvernement.
"La paix en Colombie ne découlera pas d'une démobilisation de la guérilla, mais de l'abolition définitive des causes du soulèvement. La politique est tracée et elle continuera", a déclaré la guérilla dans un communiqué, première réaction des Farc à la mort de Cano, 63 ans, tué dans des combats vendredi.
"Il ne s'agira pas de la première fois que les opprimés et les exploités de Colombie pleurent l'un de leurs grands dirigeants. Ni de la première fois qu'ils les remplacent avec le courage et la conviction absolue en leur victoire", déclare encore la guérilla dans un communiqué diffusé par la page internet d'Anncol (Agence d'informations Nouvelles Colombie) souvent utilisée pour passer ses messages.
Auparavant le président colombien Juan Manuel Santos avait multiplié les interventions - trois depuis vendredi soir - mêlant menaces et appel au dialogue.
"Démobilisez-vous ou vous finirez en prison ou dans une tombe", a-t-il dit avant de considérer que les Farc "dans leur course absurde de la violence" avaient atteint "un point de non retour".
Alfonso Cano, qui avait succédé en 2008 au fondateur Manuel Marulanda, "aurait pu "faire la paix avec moi, mais il a laissé passé cette opportunité", a encore dit le chef de l'Etat, non sans considérer que la "porte du dialogue n'est pas verrouillée".
"J'insiste toutefois sur l'exigence (pour cela) de signaux très clairs, en particulier que cesse le terrorisme", a ajouté M. Santos qui a déjà lancé à plusieurs reprises cet appel depuis qu'il a accédé au pouvoir en août 2010.
Le corps du chef des Farc (marxistes) Alfonso Cano a été transféré samedi soir à la morgue de Bogota. Sa famille a appelé aussi à la paix en Colombie, qui souffre depuis presque 50 ans "d'une guerre fratricide, un holocauste inutile".
Depuis Washington, l'agence antidrogue américaine (DEA) a salué ce "formidable coup porté aux Farc, l'organisation narcoterroriste la plus importante au monde".
La mort de Cano, qui avait rejoint les Farc à la fin des années 70, survient après celle, en septembre 2010, de Jorge Briceno alias "Mono Jojoy", son chef militaire.
Sa disparition ne devrait cependant pas entraîner la dissolution des Farc, qui avaient déjà dû renforcer l'autonomie de leurs combattants après la disparition de Marulanda, de Jorge Briceno, ou encore de Raul Reyes et Ivan Rios, deux membres de leur bureau politique tués en 2008.
Selon Ariel Avila, spécialiste du conflit au sein de l'Institut d'études Corporacion Nuevo Arco Iris, deux commandants historiques seraient les candidats à sa succession: Timoleon Jimenez, alias "Timochenko" et Luciano Arango Maria alias "Ivan Marquez", respectivement numéro trois et numéro deux de l'organisation comptant un bureau politique de sept membres.
"Les Farc ne dépendent pas d'un seul commandant. Elles affronteront de sérieux problèmes (après la mort de Cano), mais il n'y aura pas de démobilisation générale", estime Ariel Avila.
"Il ne faut pas forcément se réjouir pour la Colombie", estime aussi un diplomate européen, en soulignant que le gouvernement avait perdu un interlocuteur possible en vue de négociations de paix, une éventualité souvent évoquée pour 2012 ou 2013, Cano ayant une image de "politique" plutôt modéré.
Les Farc, certes affaiblies avec moitié moins de combattants qu'au début des années 2000, continueront à "enlever, racketter, saboter les infrastructures" économiques, pronostique Alfredo Rangel, directeur de la Fondation Sécurité et démocratie.
Selon le ministère de la Défense, les Farc, qui se financent en partie grâce au trafic de cocaïne, disposeraient encore d'environ 8.000 combattants.
Jusqu'à fin octobre 2011, en dépit des coups portés à leur commandement, elles auraient mené quelque 1.711 actions offensives, en hausse par rapport à 2010 (1.900 actions sur l'ensemble de l'année), selon Nuevo Arco Iris.