Une interview croisée des présidents américain et français sera diffusée ce soir à 20h sur TF1 et France 2, les deux principales chaînes françaises. Une première pour les deux hommes qui ont, jusqu’alors, donné des conférences de presse conjointes.
Pendant une quinzaine de minutes, au cours de la grand-messe que sont les journaux télévisés de 20h sur TF1 et France 2, le président français (et actuel président du G20) Nicolas Sarkozy et le président des États-Unis, Barack Obama, répondront aux questions des journalistes des deux chaînes. Une interview enregistrée le jour-même, à Cannes, en marge du sommet du G20. Contacté par FRANCE 24, le service de communication de l’Élysée affirme que l’initiative de l’interview croisée est venue des Américains.
Arnaud Mercier, spécialiste en communication politique associé au Laboratoire communication et politique du CNRS, expose son point de vue.
FRANCE 24 : Comment avez-vous accueilli l’annonce de cette interview croisée ?
Arnaud Mercier : Je suis un peu surpris de ce cadeau que fait Barack Obama à Nicolas Sarkozy. Le président américain met sa notoriété au profit de la restauration de l’image de son homologue français. Des échéances électorales approchent pour les deux hommes, mais j’ai du mal à croire que les Américains soient à l'initiative d'une telle interview. Qu’il y ait des intérêts convergents, pourquoi pas. Mais la demande ne doit pas émaner uniquement des États-Unis.
F24 : Est-il possible de dépasser le simple exercice de style ?
A. M. : Ce genre de "show télévisé" permet au président Barack Obama de se montrer en représentant des États-Unis à l’étranger. Mais en 15 minutes, il me paraît impossible que quoi que ce soit d’important soit révélé, surtout dans une interview enregistrée, sur deux chaînes avec deux journalistes. C’est tellement balisé que cela ne peut être que convenu, il ne peut rien en sortir. Mais à titre personnel, je ne vois pas l’intérêt de regarder cette interview.
F24 : Cette interview peut-elle être bénéfique pour la popularité de Nicolas Sarkozy ?
A. M. : L’actualité est très orientée vers l’international en ce moment. On sait depuis cet automne que dans sa stratégie de "représidentialisation", Nicolas Sarkozy va jouer la carte de l’international. Il tente de reprendre la main sur son statut de président. Cette interview croisée avec Barack Obama fait partie de sa stratégie. Mais il va lui en falloir plus pour regagner en popularité.