Le site américain d’offres de bons de réduction et d’achats groupés Groupon a réussi à lever 700 millions de dollars lors de son introduction en Bourse vendredi. Une opération qui lui permet d’être valorisé à 12 milliards de dollars.
La chevauchée mouvementée de l’introduction en Bourse de Groupon touche à son terme. La société américaine spécialisée dans les bons de réduction en tout genre sur Internet a fait, ce vendredi, son entrée au Nasdaq, l’indice des valeurs technologiques de la Bourse de New York.
En une journée, Andrew Mason, le PDG de Groupon, a levé sur les marchés 700 millions de dollars en mettant en vente 35 millions d'actions - soit 5 % du capital total de Groupon - au prix de 20 dollars (14,5 euros). Une opération qui porte la valorisation boursière du groupe à 12 milliards de dollars. Quelques heures après les premières cotations, l’action avait bondi de 40 %.
Il y a encore un mois, le même Andrew Mason prévoyait de ne vendre que 30 millions d’actions au prix de 18 dollars. Cette hausse de dernière minute s’expliquerait, d’après l’entreprise, par une demande plus forte que prévue. Et pour cause, l’introduction en Bourse de Groupon était l’une des plus attendues dans le secteur des nouvelles technologies. Le "Wall Street Journal" l’a même qualifiée, vendredi, de “la plus importante introduction en Bourse d’une société du secteur des nouvelles technologies depuis Google en 2004”.
Fondée en novembre 2008, l’entreprise est l’une des "success story" les plus fulgurantes de ces dernières années. En moins de trois ans, Groupon est devenu le numéro 1 mondial des offres de promotion pour des achats groupés sur Internet. Le chiffre d’affaires de cet intermédiaire entre commerçants et internautes est passé de 90 millions d’euros en 2008 à 713 millions de dollars en 2010. Actuellement, 143 millions de personnes sont abonnées aux offres de promotion par e-mail, Groupon étant implanté dans 145 pays.
Sur le papier, c’est un beau succès qui a pourtant failli tourner au vinaigre en juin 2011 lorsque Groupon a remis à la SEC, le gendarme américain de la Bourse, les documents officiels pour son introduction sur le marché boursier. Le détail des comptes de la société a révélé quelques vilains petits secrets, notamment que cette société à la croissance fulgurante perdait encore 400 millions de dollars en 2010 et était “presque à l’équilibre” en juin 2011. En cause ? Les dépenses de marketing et de publicité (environ 500 millions de dollars depuis début 2010) qui auraient plombé le bilan de Groupon.
Ponzi, vous avez dit Ponzi ?
En plus du budget colossal pour promouvoir Groupon, les dirigeants de la société ont eu une utilisation très personnelle des fonds apportés par les investisseurs privés. Le blog technologique du "Wall Street Journal", AllThingsDigital révélait, en juin 2011, que sur 950 millions de dollars récoltés en janvier, Andrew Mason et quelques autres dirigeants et investisseurs de la première heure avaient gardé 810 millions de dollars, seul un dixième de cet argent avait été investi dans leur entreprise qui perdait pourtant de l’argent. En avril 2010, sur 130 millions de dollars levés auprès d’investisseurs privés, le même cercle de “happy few” s'était gardé 120 millions.
Cette gestion controversée de l’argent a incité PrivCo, une société américaine d’analyse financière, à comparer Groupon à un schéma de Ponzi, ce montage financier frauduleux qui a connu son heure de gloire au moment du scandale Madoff. Une comparaison trop extrême pour un grand nombre de commentateurs du secteur des nouvelles technologies. “Contrairement à un schéma de Ponzi, Groupon a bâti un véritable commerce”, rappelait ainsi en septembre l’influent site Business Insider.
Un "véritable commerce" qui depuis le 4 novembre vaut 12 milliards de dollars en Bourse, soit le double de ce que Google avait proposé pour racheter Groupon en novembre 2010.
Reste à savoir si la société maintiendra le cap. Le chiffre d'affaires au troisième trimestre 2011 n'était en effet en progression que de 9,5% alors que Groupon a toujours connu une croissance à deux chiffres.