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Le Grand prix du roman de l'Académie française décerné à Sorj Chalandon

Le journaliste et écrivain Sorj Chalandon s'est vu décerner le Grand prix du roman de l'Académie française pour "Retour à Killybegs" (Grasset). Le livre retrace le parcours d'un combattant de l'Armée républicaine irlandaise (IRA).

AFP - Le Grand prix du roman de l'Académie française a été décerné jeudi à Sorj Chalandon pour "Retour à Killybegs" (Grasset), un livre captivant sur l'Irlande du Nord et la douleur amère de la trahison.

Sorj Chalandon, également finaliste du Goncourt et l'Interallié, a été choisi "au premier tour de scrutin, par 13 voix sur 20", a annoncé Hélène Carrère d'Encausse, secrétaire perpétuelle de l'Académie française, qui ouvre ainsi la saison des grands prix littéraires d'automne.

Laurence Cossé, avec "Les amandes amères" (Gallimard) a obtenu 4 voix et Jean Rolin, avec "Le ravissement de Britney Spears" (P.O.L)), en a totalisé 2, tandis que le scrutin recensait un vote blanc.

Né le 16 mai 1952, journaliste au quotidien Libération pendant 34 ans, de 1973 à février 2007, l'auteur a rejoint ensuite le Canard enchaîné. Il a publié cinq romans.

Le reporter a couvert de nombreux conflits. Mais c'est à Belfast, dans les années 1970, qu'il découvrira la guerre, à une heure et demie d'avion de Paris.

Il tombe amoureux de l'Irlande du Nord, de son peuple, de sa langue et s'identifie à sa lutte contre la domination britannique.

"Aujourd'hui, les prisonniers de l'IRA sont devenus immortels", déclarait-il jeudi à l'AFP.

Sorj Chalandon reçoit le Prix Albert Londres en 1988 pour ses reportages sur Belfast et le procès Barbie, et le Médicis, en 2006, pour son deuxième roman "Une Promesse", après "Le Petit Bonzi", souvenirs de son enfance lyonnaise.

Viendra ensuite "Mon traître" en 2008. Au coeur de ce livre, la trahison de son ami Denis Donaldson, figure emblématique de l'IRA. Le romancier le rebaptisera Tyrone Meehan.

C'est encore lui le héros de "Retour à Killybegs", mais il devient le narrateur de sa propre histoire. L'auteur le fait revenir, vieillard traqué, dans la maison de son enfance.

Il raconte ses premières années entre coups et misère, comment la famille quitte la République d'Irlande pour Belfast, l'enrôlement dans l'IRA à 16 ans, son image de héros aux yeux des siens. Un jour, il tue par erreur un de ses frères d'armes et le tait. Mais les services britanniques le savent, le font chanter. Tyrone devient un agent double.

Le roman alterne entre ses ultimes jours à Killybegs et ses années au sein de l'IRA, revient dans des pages bouleversantes sur les grèves de la faim des prisonniers irlandais, le processus de paix. Un superbe livre à la voix juste sur l'amitié bafouée, la trahison, la honte, mais aussi sur ces vies offertes à une cause.