Réputé pour son euroscepticisme, le président tchèque, Vaclav Klaus, a refusé de dire s'il signera ou non le traité de Lisbonne que les députés de son pays ont adopté, mais auquel le chef de l'État est ouvertement opposé.
AFP - Le très eurosceptique président tchèque Vaclav Klaus, dont le pays préside l'UE, a laissé plané l'incertitude jeudi sur le fait de savoir s'il parapherait le traité de Lisbonne, adopté la veille par les députés de son pays à une courte marge.
"Je ne suis pas prêt à vous répondre" sur le sujet, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Bruxelles, faisant valoir que si le texte avait été adopté par les députés tchèques, il devait encore l'être par le Sénat du pays.
"C'est toujours en cours au Parlement", a-t-il dit, signifiant qu'il donnerait sa réponse à l'issue du processus.
Le paraphe du président tchèque sera nécessaire pour valider le traité de Lisbonne. Mais jusqu'ici, M. Klaus, opposant déclaré au traité de Lisbonne, n'a jamais voulu dire clairement s'il l'apposerait ou pas.
Constitutionnellement, le président tchèque n'a en principe pas le pouvoir d'opposer son veto à un tel traité mais une incertitude persiste.
A Prague, le président de la Cour constitutionnelle, Pavel Rychetsky, a ainsi reconnu que sa juridiction, qui a validé le traité de Lisbonne en novembre 2008, pourrait avoir à nouveau à se prononcer pour trancher cette question de la signature.
"Le président pourrait ne pas le signer et le gouvernement ou une chambre du Parlement pourrait saisir" la Cour pour tenter d'imposer le paraphe, a-t-il dit à un journal tchèque publié jeudi. "Je ne sais comment un tel conflit sur les compétences finirait mais je pense que cela pourrait se terminer ici" au sein de la juridiction, a-t-il dit.
Avant la conférence de presse, le président tchèque s'est exprimé devant le Parlement européen, où il a dénoncé l'intégration européenne toujours plus poussée. Il a aussi fustigé le traité de Lisbonne, qui prévoit un renforcement des prérogatives du Parlement européen et supprime des droits de veto des Etats dans certains domaines.
"Il est erroné de penser qu'il y n'a qu'une seule voie, un seul avenir pour l'Union européenne, à savoir une Union toujours plus étroite, une intégration toujours plus approfondie sur le plan politique des Etats membres", a-t-il déclaré.
Son discours a été très applaudi sur les bancs des élus eurosceptiques du Parlement mais hué du côté de la gauche et des socialistes.
Tendu, le président du Parlement, l'Allemand Hans-Gert Pöttering lui a répondu que son discours dans l'enceinte de l'institution était la preuve du fonctionnement "démocratique" de l'Union européenne, où chacun est libre d'exprimer son opinion.