Soulagée de pouvoir enfin tourner la page de la primaire socialiste, l'UMP a consacré sa convention à attaquer le PS, son candidat à la présidentielle - François Hollande - et le projet de celui-ci, qualifié "d'imposture morale" et "financière".
REUTERS - L'UMP a consacré mardi toute une convention à sa riposte au Parti socialiste, désormais doté, avec François Hollande, d'un candidat pour l'élection présidentielle de 2012, mais sans parvenir à dissimuler ses rivalités internes.
Jean-François Copé a sonné la charge contre le PS, son candidat et son projet présidentiel, dès l'ouverture de la convention dans le cadre glamour du Pavillon Gabriel, tout près du Palais de l'Elysée.
"Il y a un immense malentendu entre les Français et François Hollande. Pire qu'un malentendu, une imposture", a lancé le secrétaire général de l'UMP.
Le projet du PS est "une imposture morale" et "une imposture financière", a-t-il dit en dénonçant une "succession de promesses intenables" et en chiffrant le coût des propositions socialistes à "au moins 255 milliards d'euros" sur cinq ans.
Il a également accusé les socialistes de vouloir augmenter les impôts de 126 milliards d'euros.
"En clair, c'est un projet qui provoquerait une hausse des déficits (publics) annuels de près de 40%", a ajouté Jean-François Copé. "Je ne suis pas sûr que les socialistes (...) aient complètement pris conscience de la gravité dans laquelle l'Europe et le monde sont plongés."
A l'Assemblée nationale, les ministres du Budget et de l'Economie, Valérie Pécresse et François Baroin, qui présentaient leur projet de loi de finances pour 2012, ont paru appliquer à la lettre les consignes de l'UMP.
UN ABSENT DE MARQUE
Ils ont ainsi dépensé au moins autant d'énergie à dénigrer le projet socialiste qu'à parler de leur texte.
Le président du groupe socialiste, Jean-Marc Ayrault, a accusé les deux ministres "de confondre un débat budgétaire avec une réunion de l'UMP" et a demandé une suspension de séance afin que le gouvernement "revienne" au débat budgétaire.
Lors de la convention de l'UMP, une trentaine d'orateurs, dont une douzaine de ministres, devaient prendre la suite deux heures durant pour décortiquer le programme socialiste sur fond d'écran géant affichant le coût de ce projet sous forme d'un compteur augmentant au fil des interventions avec un bruit de machine à sous.
En contrepoint, les uns et les autres se sont attachés à défendre le bilan du président Nicolas Sarkozy, probable candidat à sa propre succession.
A l'entrée de la salle, l'UMP avait placardé des affichettes reprenant des critiques émises par des dirigeants socialistes à l'adresse de François Hollande pendant la campagne des primaires du PS: "François Hollande n'est pas fiable" ou "François Hollande n'a aucune épine dorsale, il manque de caractère" (Martine Aubry), "Franchement, vous imaginez François Hollande président ? On rêve" (Laurent Fabius), "François Hollande, son point faible c'est l'inaction" (Ségolène Royal).
Il y avait cependant un absent de marque.
Pendant que Jean-François Copé s'attachait à démolir le programme du PS lors de cette séance d'exorcisme collectif et télévisé, le Premier ministre, François Fillon, ouvrait dans une dépendance de l'Assemblée nationale un débat sur les classes moyennes.
Les deux hommes paraissent plus que jamais rivaux depuis que le chef du gouvernement a annoncé qu'il serait candidat aux élections législatives de 2012 à Paris, tremplin pour une éventuelle candidature à la présidentielle de 2017.
Le chef du gouvernement, qui devait conclure en début de soirée le débat organisé par le club de son ancienne ministre Michèle Alliot-Marie, le Chêne, a avancé son intervention à 18h00, garantie de reprise dans les journaux télévisés ... et de parasitage de la convention de l'UMP.