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Dimanche, au lendemain d'affrontements sanglants, au moins six personnes ont perdu la vie au cours d'une manifestation demandant le départ du président Saleh. Une autre personne aurait péri à Taëz, ville située à 270 km de la capitale.

AFP - Les forces loyalistes ont ouvert le feu dimanche à Sanaa sur des manifestants déterminés à obtenir, coûte que coûte, le départ du président Ali Abdallah Saleh, faisant au moins six morts au lendemain d'une journée déjà marquée par des affrontements sanglants.

Quatre manifestants et deux soldats dissidents ont été tués et 59 personnes blessées dans ces tirs suivis de combats, selon un nouveau bilan de médecins de l'hôpital de campagne de Sanaa.

Selon une autre source médicale, une manifestante a également été tuée à Taëz, autre épicentre de la contestation du régime à 270 km au sud-ouest de Sanaa. Aziza Othman Ghaleb est, selon cette source, la première manifestante tuée depuis le début de la contestation du régime fin janvier.

D'autres femmes ont été tuées par des balles perdues ou des bombardements.

Samedi, 12 Yéménites avaient déjà péri à Sanaa dans la répression d'une manifestation par les forces de M. Saleh et une centaine avaient été blessés. En outre, 17 personnes avaient été tuées dans des combats entre tribus loyalistes et dissidentes et par d'autres tirs dans la capitale.

Dimanche, des dizaines de milliers de Yéménites, toujours aussi déterminés à obtenir le départ de M. Saleh en dépit de la répression, ont marché sur une zone tenue par les forces fidèles au chef de l'Etat.

"Allah Akbar (Dieu est le plus grand), notre manifestation est pacifique", ont scandé les manifestants qui brandissaient les portraits de leurs camarades tués lors de la répression de marches précédentes.

"Nous n'allons pas céder, notre liberté n'a pas de prix", a encore crié la foule, qualifiant de "traître", dans un autre slogan, Ahmed Ali Abdallah Saleh, le fils du président et commandant de la Garde républicaine.

Des soldats de la Première division blindée, ralliée à la contestation, marchaient devant le cortège. A leur arrivée dans la zone tenue par les forces du président Saleh, les manifestants ont été pris sous le feu de tireurs embusqués postés sur les immeubles environnants et les soldats dissidents ont riposté aux sources des tirs, selon un journaliste de l'AFP.

Des accrochages ont par la suite opposé les forces loyalistes aux militaires de la Première division blindée, commandée par le général Ali Mohsen al-Ahmar.

Malgré des mois de protestation et de pressions internationales et régionales, M. Saleh, au pouvoir depuis 33 ans et accusé de corruption et de népotisme, refuse de partir et rejette un plan élaboré par les monarchies arabes du Golfe pour un transfert pacifique du pouvoir.

La Grande-Bretagne et les autres pays européens du Conseil de sécurité de l'ONU ont rédigé un projet de résolution l'appelant à céder le pouvoir, qui devrait être présenté aux quinze pays membres dans les jours à venir.

Dimanche, le président Saleh a accusé les manifestations d'être militarisées et de faire partie d'un coup d'Etat orchestré par les islamistes.

"C'est un coup d'Etat militaire des Frères musulmans, en coordination avec Al-Qaïda", a-t-il dit lors d'une réunion avec des hauts responsables militaires, en faisant apparemment référence au parti d'opposition Islah.

"Comment pourrait-il s'agir de manifestations pacifiques alors qu'elles sont soutenues par une force militaire dissidente, devenue partie prenante de la contestation?", a-t-il ajouté, selon l'agence de presse Saba, en estimant que l'opposition, les dissidents et les chefs tribaux Al-Ahmar étaient déterminés à prendre le pouvoir "même si cela provoquait une effusion de sang".

Le général dissident Ali Mohsen al-Ahmar a appelé de son côté dimanche à une démilitarisation des villes pour éviter de nouvelles pertes parmi les civils et au renforcement de la pression internationale sur M. Saleh pour qu'il cède le pouvoir.

Il a proposé de "retirer les forces armées" loyales au chef de l'Etat et les militaires de la 1ère division blindée des villes et de les redéployer à au moins 200 km des centres urbains. Ce retrait doit également concerner, selon lui, les hommes armés des tribus fidèles à M. Saleh qu'il utilise pour "réprimer la population à Sanaa".