Fait inédit, des kamikazes ont mené une attaque suicide dans la province du Panchir (nord-est), bastion historique de la résistance aux talibans. Deux chauffeurs afghans ont été tués et deux gardes blessés au cours de l'attaque.
AFP - Deux chauffeurs afghans ont été tués et deux gardes blessés samedi dans un attentat suicide contre une base américaine dans la province du Panchir (nord-est), jusque là épargnée par le conflit qui ensanglante le pays depuis dix ans, a annoncé à l'AFP la police locale.
Nouveau signe de la dégradation de la sécurité dans le pays, il s'agit du premier attentat suicide dans cette province, bastion historique de la résistance aux talibans, depuis le début de la guerre entre la coalition internationale et les rebelles à la fin 2001, selon les autorités provinciales.
Le Panchir (bien Panchir) est l'une des sept premières régions où l'Otan a transféré en juillet dernier la responsabilité de la sécurité aux forces afghanes.
La rébellion a gagné du terrain ces dernières années, atteignant jusqu'au nord du pays. Mais le Panchir, fief de l'ancien chef de guerre Ahmad Shah Massoud, tué en 2001, avait jusqu'ici été épargné par de tels attentats, une arme de prédilection des talibans.
La base de l'Equipe de reconstruction provinciale (PRT) de l'Otan, gérée par l'armée américaine, a été attaquée par quatre kamikazes arrivés devant la base à pied et au volant d'un véhicule 4X4, a précisé le chef de la police de la province, Mohammad Qasim Jangalbagh.
"L'explosion a tué deux chauffeurs afghans" qui se trouvaient devant la base à ce moment là pour y livrer de l'essence, et "blessé deux gardes" du PRT, a-t-il précisé.
En milieu de matinée, M. Jangalbagh a indiqué que la situation était "sous contrôle". "Les Américains sont dans leur base, devant laquelle sont étendus les cadavres des kamikazes", a-t-il précisé.
Un porte-parole de la force de l'Otan en Afghanistan, Christopher Pewitt, a confirmé l'attaque, ajoutant qu'il n'y avait pas de victimes au sein des troupes de l'Isaf et qu'il y avait des civils afghans blessés.
Le Panchir, vallée encaissée entre de hautes montagnes, fut le haut-lieu des résistances anti-soviétique puis anti-talibans, incarnées par Ahmad Shah Massoud, assassiné par des kamikazes d'Al-Qaïda, deux jours avant les attentats du 11 septembre 2001.
La région est la seule d'Afghanistan où les talibans ne parvinrent jamais à pénétrer du temps de leur régime (1996-2001) et l'une des rares où l'insurrection qu'ils mènent depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir fin 2001 n'avait jusque là pas pris pied.
Outre le Panchir, la province de Bamiyan et les villes d'Hérat (ouest), Mehtarlam (est), Lashkar Gah (sud), Mazar-i-Sharif (nord) ont été transférées aux forces de sécurité afghanes, tout comme la province de Kaboul (sauf le district encore instable de Surobi).
Ce processus doit être étendu à l'ensemble du pays d'ici la fin 2014, date à laquelle l'Otan prévoit d'avoir retiré l'ensemble de ses troupes de combat du pays. Il suscite l'inquiétude de nombreux Afghans et de certains experts, qui doutent de la capacité des forces afghanes à assurer elles-mêmes la sécurité du pays, et redoutent une future guerre civile.
Quelque 140.000 soldats de l'Otan, aux deux tiers américains, soutiennent aujourd'hui le faible gouvernement du président Hamid Karzaï face à la rébellion menées par les talibans, qui ont mené récemment plusieurs attaques suicide jusqu'au coeur de la capitale Kaboul.