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Début du procès des meurtriers présumés d'Eugène Terre'Blanche

Les deux accusés du meurtre du leader extrémiste Eugène Terre'Blanche ont plaidé non coupables à l'ouverture de leur procès, lundi. Ces deux ouvriers noirs - qui travaillaient pour Terre'Blanche - s'étaient rendus à la police peu après les faits.

AFP - Les deux ouvriers agricoles noirs accusés du meurtre du leader extrémiste blanc Eugène Terre'Blanche en avril 2010 ont plaidé non coupables lundi, au premier jour de leur procès dans le centre de l'Afrique du Sud.

Chris Mahlangu, 29 ans, et son complice présumé, âgé de 15 ans au moment des faits, sont accusés d'avoir matraqué à mort le fermier de 68 ans, farouche partisan de la "suprématie blanche", dans sa ferme de la petite localité rurale de Ventersdorp, le 3 avril 2010.

Après la découverte du corps, les deux employés de Terre'Blanche s'étaient rendus spontanément à la police et s'étaient présentés comme ses meurtriers, affirmant s'être disputés avec leur patron pour un problème de paye.

Selon des sources sur place, ils gagnaient à l'époque 300 rands par mois, soit 30 euros environ, bien en dessous du salaire minimum.

L'avocat de l'accusé mineur, Norman Arendse, a déclaré devangt le tribunal de Ventersdorp que son client subissait régulièrement les agressions du propriétaire terrien, verbales, physiques et même sexuelles.

"La plupart des témoins refusent de confirmer ces accusations", a déclaré l'avocat devant la cour, "la principale raison me paraît être la peur, et les intimidations. La peur de perdre le peu qu'ils gagnent, la peur de perdre le toit qu'ils ont au-dessus de la tête, et la nourriture qu'on leur donne pour travailler dans les fermes".

Une vingtaine de membres du Mouvement de résistance afrikaner (AWB), le groupuscule raciste fondé par Terre'Blanche, s'étaient regroupés lundi devant le tribunal en brandissant le drapeau de l'époque de l'apartheid. Très peu de Noirs avaient fait le déplacement.

Ce calme relatif contraste fortement avec la tension qui avait présidé à la première audience du tribunal peu après le meurtre.

Des centaines de supporteurs de l'AWB avaient alors convergé vers Ventersdorp, portant uniformes kaki et drapeaux frappés d'un symbole inspiré de la croix gammée hitlérienne. Ils avaient fait face devant le tribunal à une foule de Noirs également venus pour le procès.

Quelques mois avant la Coupe du monde de football, le pays tout entier avait redouté un retour des violences raciales, seize ans après la chute du régime d'apartheid et l'instauration de la démocratie multi-raciale.

Présent au procès, le frère d'Eugène Terre'Blanche s'est refusé à tout commentaire, mais le porte-parole de l'AWB Johan Potgieter a dit aux journalistes qu'il espérait la peine la plus lourde pour les accusés.

"Nous voulons une peine de prison à vie, sans sursis", a-t-il dit, "nous n'acceptons pas qu'ils tuent notre leader ou qu'ils nous chassent" du pays.

L'AWB accuse les responsables politiques locaux d'avoir commandité le meurtre de leur leader. "Ils veulent nous prendre nos fermes, nous prendre notre travail", a fulminé Potgieter. "C'est cela qu'ils appellent +travailler avec les Boers (fermiers africaners)? Je ne crois pas".

Le groupuscule, aujourd'hui quasiment sans influence ni soutien populaire, s'étaient opposé par la violence à l'avènement de la démocratie en Afrique du Sud.

Il s'était notamment rendu coupable d'attentats à la bombe avant les élections de 1994, qui avaient porté au pouvoir Nelson Mandela, premier président noir du pays.

Le procès des deux ouvriers agricoles, reporté plusieurs fois pour des raisons de procédure, doit durer 10 jours.

Les conditions de travail et de logement des travailleurs agricoles laissent à désirer en Afrique du Sud, selon un récent rapport de Human Rights Watch réalisé dans la région du Cap.