Le président yéménite, qui fait face à d'importantes manifestations contre son régime depuis plusieurs mois, a annoncé samedi qu'il comptait abandonner le pouvoir rapidement. Mais il s'est refusé à laisser le champ libre à l'opposition.
AFP - Le président contesté du Yémen, Ali Abdallah Saleh, s'est déclaré samedi disposé à abandonner le pouvoir "dans les prochains jours", mais a affirmé qu'il ne le remettrait pas à ses opposants.
"Je ne veux pas le pouvoir, et je l'abandonnerai dans les jours prochains", a dit dans un discours retransmis par les médias officiels M. Saleh, dont le départ est réclamé depuis fin janvier par un mouvement de contestation populaire.
itLe chef de l'Etat s'est déchaîné dans ce discours décousu contre ses opposants, et affirmé qu'il y avait "des hommes sincères, qu'ils soient militaires ou civils", capables de gouverner le Yémen.
Il a affirmé que le pays faisait "face depuis neuf mois à un complot", dans une allusion à la vague de contestation. "Le peuple yéménite résiste depuis neuf mois à ce grand complot, comme ni la Tunisie, ni l'Egypte, ni la Libye ni aucun autre pays arabe n'a résisté", a-t-il dit.
M. Saleh a annoncé qu'il allait convoquer une réunion du Parlement dans les prochains jours, mais sans préciser si c'était dans le but de prendre une décision quelconque.
"Nous nous retrouverons dans les prochains jours pour expliquer au peuple la vérité et tous les développements en toute transparence", a-t-il dit.
Le président yéménite, au pouvoir depuis 33 ans, avait dit dans le passé qu'il était prêt à un transfert du pouvoir et à signer un plan des monarchies arabes du Golfe pour remettre le pouvoir à l'opposition, mais il n'avait pas agi en conséquence.
Interrogée par la chaîne arabe Al-Jazira, la militante yéménite Tawakkol Karman, qui a reçu vendredi le prix Nobel de la paix, a rejeté comme des mensonges les propos du chef de l'Etat.
"Nous ne croyons pas cet homme (...) il doit remettre le pouvoir qu'il a usurpé à la révolution. Nous poursuivrons notre révolution pacifique", a ajouté la jeune femme qui campe depuis des mois sur une place de Sanaa aux côtés d'autres opposants pour réclamer la chute de M. Saleh.
M. Saleh est retourné le 23 septembre à Sanaa après plus de trois mois d'absence en Arabie saoudite où il était soigné pour des blessures reçues lors d'une attaque le 3 juin contre son palais à Sanaa.
Les forces qui lui sont fidèles et commandées par des membres de sa famille, se sont opposées ces dernières semaines aux unités dissidentes de l'armée à Sanaa, faisant des dizaines de morts.
Dans une interview au Time et au Washington Post publiée le 29 septembre, M. Saleh a affirmé qu'il ne quitterait pas le pouvoir si ses anciens alliés devenus ses opposants étaient autorisés à participer à des élections, estimant que cela mènerait à une guerre civile.
Malgré les fortes pressions internationales et régionales pour partir, M. Saleh avait exclu de céder le pouvoir tant que ses adversaires et anciens alliés, le général dissident Ali Mohsen al-Ahmar et la tribu des Ahmar, auraient de l'influence.