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Si la décision de Benoit XVI, le 24 janvier, de lever l’excommunication de quatre évêques de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X a été bien accueillie chez les traditionalistes, les catholiques demeurent divisés.

Après la décision de Benoit XVI, le 24 janvier, de lever l’excommunication de quatre évêques de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, les projecteurs se sont braqués sur la communauté traditionaliste, qui, à Paris, a élu domicile à Saint-Nicolas-du-Chardonnay. 

Sur le parvis de l’église, à la sortie de la "grand-messe" de 10h30, rares sont les fidèles enclins à parler aux journalistes.


Jean, 20 ans, a ressenti "une grande joie" quand le pape a annoncé la levée de l'excommunication pour quatre évêques. "C’est une chose pour laquelle nous avions beaucoup prié", dit-il.

Pour Gaëlle, 20 ans, le geste du pape envers la Fraternité a d’abord été "une heureuse surprise" : "C’était en voie depuis longtemps, mais on ne se doutait pas que cela allait arriver maintenant. Nous sommes très contents."

"Maintenant au moins, on se fait un peu respecter !", renchérit Bertrand, 22 ans, avec une pointe d’ironie.
Tous deux déplorent cependant la concomitance entre les propos négationnistes tenus par l’évêque Williamson, le 22 janvier, et la décision de Benoit XVI. Bertrand évoque même un "piège des médias".

Daniel et Hélène, jeune couple trentenaire, insistent sur le fait que les propos de Mgr Williamson n’engagent que lui et que la Fraternité s’en est désolidarisée. "Vous savez, on n’entend jamais ce genre de propos ici, rappelle Daniel. Ni de la part des prêtres dans les homélies ni de la part des laïcs", ajoute son épouse.


"L’affaire Williamson", comme on la désigne, a fortement contribué à faire enfler la polémique
autour de cette levée d’excommunication, controversée en elle-même. 


Un geste qui a semé la confusion

A quelques mètres de Saint-Nicolas-du-Chardonnay, les fidèles de Saint-Séverin, au cœur du quartier latin, sortent  également de la messe. Dans cette église, les catholiques sont fidèles à Rome. Et chacun a une opinion sur la question.


"Moi, je suis contre la décision du pape !", déclare Zeina, une mère de famille quadragénaire, alors qu’elle vient d’assister à la messe de midi, à Saint-Séverin. "Les intégristes sont rétrogrades, leur foi ne correspond pas à la mienne", ajoute-t-elle.


Comme elle, nombreux sont les catholiques qui ne comprennent pas le geste du pape envers une communauté qui ne reconnaît pas les conclusions du concile Vatican II et qui compte dans ses rangs des négationnistes, comme
Mgr Williamson.


"Je ne comprends pas pourquoi il fait ce geste envers les intégristes et un négationniste, et non envers les divorcés-remariés, par exemple", regrette Alexandra, 28 ans, sur le parvis de l’église Saint-Germain-des-Prés.  Elle vient d’assister à la messe de 19h, animée par des étudiants et de jeunes professionnels. Ici, les prêtres ont organisé des conférences-débats sur la question afin d'apaiser les fidèles.

D’autres, comme Guillaume, 26 ans, se montrent plus partagés : "D’un côté, c’est positif, car cela permet davantage d’unité dans l’Eglise, qui ne devrait pas rester divisée pour des questions de messe en latin." Mais, évoquant le "cas Williamson", il estime : "On ne peut pas tolérer des choses qui nuisent trop à l’image de l’Eglise."


Si elle reconnaît avoir été choquée "au début", Marie-Anne, 25 ans, est maintenant heureuse de l’unité nouvelle apportée par le geste de Benoit XVI, "dont c’est la mission d’unifier l’Eglise". Elle rappelle également qu'il ne s'agit pas d'une réintégration.

Refusant le négationnisme au sein de l’Eglise, certains intellectuels catholiques ont lancé une pétition par le biais de l’hebdomadaire chrétien "La Vie", demandant ainsi au pape de dénoncer les propos de Mgr Williamson. Elle a recueilli quelque 6 000 signatures. Rarement l’église française n’aura ressenti une telle incompréhension vis-à-vis du Vatican.