Les huit partis politiques des communautés belges francophones et néerlandophones sont parvenus samedi à un accord en vue d'une sortie de crise. Ils doivent présenter un texte commun mardi. La Belgique vit sans réel cabinet depuis un an et demi.
AFP - Les partis politiques belges francophones et néerlandophones sont parvenus tôt samedi matin à un accord global de réforme des institutions avec des pouvoirs accrus transférés aux régions, qui ouvre la voie à une sortie de la crise record que traverse le pays depuis un an et demi.
Il reste toutefois encore aux différents partis à s'entendre sur un programme de gouvernement, alors que le royaume est privé de réel cabinet depuis avril 2010 en raison des divergences entre ses deux grandes communautés sur l'avenir du pays.
L'exercice ne s'annonce pas forcément aisé car à la division linguistique du pays se superpose une division politique de plus en plus profonde entre le Nord flamand ancré résolument à droite et le Sud francophone en Wallonie qui penche clairement à gauche.
En attendant, le compromis scellé samedi matin permet de lever un obstacle de taille.
Le président du parti libéral francophone (MR) Charles Michel a estimé à l'issue de deux mois de discussions que la réforme institutionnelle, la sixième du nom dans le pays, était "la plus importante depuis la seconde guerre mondiale".
Le parti écologiste flamand a parlé d'un compromis "imposant" après "deux mois intensifs" de tractations. "Le dialogue l'a emporté sur le cynisme", a jugé le président du mouvement, Wouter Van Besien.
Les huit partis des deux communautés linguistiques qui participaient aux négociations depuis mi-août ont conclu un accord sur les derniers points qui restaient en suspens. Ils doivent revoir le détail des textes lundi avant une présentation officielle mardi, à temps pour la rentrée parlementaire belge.
Il a été décidé d'allonger la durée de la législature fédérale, de 4 à 5 ans, comme celle des législatures régionales. En revanche, les deux scrutins n'ont pas été alignés. Certains partis le demandaient pour éviter que le pays soit continuellement en campagne électorale et souvent donc dans l'incapacité de réaliser des compromis entre Flamands et francophones.
Les négociateurs ont aussi décidé de renoncer à scinder régionalement la sécurité civile (protection civile et pompiers), alors que certains Flamands le demandaient au départ. Concernant le code de la route, les régions pourront fixer des limitations de vitesse différentes et prélever des amendes sur les voiries régionales.
Ces derniers points viennent compléter différents accords déjà conclus ces dernières semaines qui vont aboutir à renforcer l'autonomie des régions (Flandre, Wallonie et Bruxelles) en matière fiscale mais aussi de santé par exemple. Les Néerlandophones l'exigaient pour obtenir une autonomie renforcée en Flandre.
Les droits linguistiques et administratifs spéciaux dont bénéficient les milliers francophones vivant dans la périphérie flamande de Bruxelles vont aussi être supprimés pour la plupart d'entre eux, ainsi que le demandaient les Néerlandophones depuis des décennies.