Privés notamment de Ribéry et Benzema, les Bleus devront battre l'Albanie, ce soir au Stade de France, pour garder la tête du groupe D et aborder en position de force leur dernier match de qualification à l'Euro-2012 mardi contre la Bosnie.
"Le football français a besoin d'être à l'Euro-2012." Le sélectionneur des Bleus, Laurent Blanc, l’a rappelé jeudi devant la presse : ses joueurs n’ont pas le droit à l'erreur à deux matchs de la fin des phases de qualification du Championnat d'Europe des nations, qui se déroulera au mois de juin prochain en Pologne et en Ukraine.
Pour commencer, la France doit conforter ce vendredi face à l'Albanie sa place de leader du groupe D. En cas de victoire au Stade de France, les Bleus pourraient aborder idéalement leur dernier match de qualification, mardi prochain, contre leur dauphin, la Bosnie. Avec un point d’avance sur son rival direct qui accueille le Luxembourg, ce soir, la France pourrait se contenter d'un match nul pour décrocher son billet pour la phase finale de l’Euro. Car, sauf surprise, les Bosniens devraient logiquement s'imposer face au dernier du groupe.
Le spectre de 1993
"On dit souvent que le premier match peut conditionner le second. On a une série à poursuivre, cela fait quelques matchs que l'on ne perd plus. On joue devant notre public. Rien que pour ces raisons, il est essentiel de gagner et de faire un bon match [contre l’Albanie]. Après, on aura le temps de penser [à la rencontre face à] la Bosnie qui sera capitale pour la qualification directe", a prévenu, jeudi, le sélectionneur français devant la presse.
Chaque chose en son temps donc, car Laurent Blanc n’a pas la mémoire courte. En 1993, les Bleus occupaient en effet la même position de leader de leur groupe de qualification dans la dernière ligne droite des éliminatoires du Mondial 1994. Les deux derniers matchs décisifs disputés à domicile face à Israël et à la Bulgarie ne devaient être qu’une formalité pour la génération en or des Papin, Cantona et Blanc. Résultat : deux défaites surprises qui ont laissé, depuis, un traumatisme indélébile…
Un tel scénario apocalyptique n’est toutefois pas envisagé par l’encadrement des Bleus. "À part moi et quelques-uns des membres du staff, les joueurs savent ce qui s'est passé [en 1993] mais ne l'ont pas en mémoire. C'est une autre génération, ce n'est pas plus mal d'ailleurs", a éludé Laurent Blanc.
Blanc innove
Pour s’assurer une animation offensive capable de terrasser l’Albanie, battue de justesse en septembre (2-1 à Tirana), le sélectionneur des Bleus a cependant été contraint de revoir sa tactique. Confronté à une cascade de forfaits et de blessures de plusieurs joueurs-clés - dont Karim Benzema et Frank Ribéry -, l’équipe de France jouera, une fois n’est pas coutume, avec deux attaquants au lieu du seul Madrilène en pointe. Une formation en 4-4-2 donc, avec le Marseillais Loïc Rémy et le Lyonnais Bafetimbi Gomis aux avant-postes.
La titularisation de ce duo prometteur et en pleine réussite individuelle depuis le début de la saison est toutefois un pari risqué. Depuis son arrivée à la tête des Bleus en août 2010, Laurent Blanc n'a eu recours qu'à trois reprises à deux avant-centres. Or, par deux fois, le match s’est soldé par une défaite : la première fois en match amical contre la Norvège (1-2) en août 2010, la seconde fois contre le Belarus (0-1) en ouverture des qualifications de l’Euro le mois suivant. La seule victoire enregistrée par les Bleus avec deux attaquants - contre le Luxembourg (2-0) en octobre 2010 - fut en outre très poussive.
"Plus il y aura devant le but des joueurs efficaces qui ont l'habitude de marquer […] dans leur club, plus on aura la chance" de l’emporter, s'est contenté d'expliquer le patron des Bleus jeudi. Verdict ce soir.