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La Gay Pride serbe, qui devait se dérouler à Belgrade ce dimanche, a été interdite pour des raisons de sécurité. Les organisateurs de la Marche des fiertés ont déploré un "énorme pas en arrière" pour les droits de l'Homme.
AFP - Les organisateurs de la Gay pride de Belgrade, interdite par les autorités serbes, ont estimé samedi que cette interdiction constituait un "énorme pas en arrière" pour les droits de l'Homme dans ce pays des Balkans qui souhaite adhérer à l'Union européenne.
"C'est un triste jour pour la Serbie. Il ne s'agit pas d'un, mais de cent pas en arrière pour les droits de l'Homme dans ce pays", a déclaré Jovanka Todorovic, l'une des organisatrices de la marche interdite, lors d'une conférence de presse.
Prévue dimanche, la Gay pride a été interdite vendredi par le gouvernement serbe qui a invoqué des raisons de sécurité. La décision a aussitôt été qualifiée de "capitulation" par les organisateurs.
Les autorités ont également interdit toute autre manifestation durant le week-end, alors que deux organisations ultra-nationalistes serbes, Obraz (Honneur) et Dveri, avaient annoncé leur intention de manifester contre la Gay pride.
"C'est une défaite pour tous les citoyens de Serbie: aujourd'hui, ce sont les homosexuels (qui sont visés), demain, Dieu sait quel groupe minoritaire", a déclaré pour sa part Goran Miletic, un autre organisateur de la Gay pride.
Les organisateurs de la marche ont fait savoir qu'ils entendaient préparer aussitôt le défilé de 2012 et qu'ils pourraient poursuivre l'Etat devant la Cour européenne des droits de l'Homme à Strasbourg.
"C'est la dernière chose que nous pouvons faire pour protéger nos droits constitutionnels devant la justice", a dit Goran Miletic.
Au lieu de défiler, les organisateurs de la marche ont brièvement interrompu samedi la circulation sur la principale avenue du centre de Belgrade en déployant une bannière rose accompagné du message: "L'amour, normal". Ils ont versé des pots de peinture aux couleurs de l'arc-en-ciel, symbole de la communauté homosexuelle.
Il n'y a pas eu d'incidents, alors que la police se tenait près du petit groupe des manifestants.
L'interdiction de la Gay pride a été qualifiée de "jour sombre pour les droits de l'Homme" par l'organisation internationale de défense des droits de l'Homme, Amnesty International.
"Les autorités serbes (...) ont cédé à la pression des groupuscules de droite", affirme Amnesty dans un communiqué, soulignant que l'interdiction de la marche constituait une "violation des obligations du gouvernement serbe pour assurer la liberté d'expression et de rassemblements".
C'est la deuxième fois en trois ans que des menaces proférées par des groupes ultra-nationalistes ont empêché la tenue de la Gay pride dans la capitale serbe.
L'année dernière, des affrontements très violents s'étaient produits entre les forces de l'ordre et des groupes de la mouvance ultra-nationaliste, auxquels s'étaient joints de jeunes supporteurs de football, violemment homophobes. Quelque 150 personnes avaient été blessées, des policiers pour la plupart.
En 2009, la Gay pride avait été annulée au dernier moment, les autorités serbes ne se déclarant pas en mesure d'assurer sa sécurité.