Les premières élections législatives depuis la chute d’Hosni Moubarak, le 11 février dernier, débuteront le 28 novembre prochain, selon l'agence officielle Mena. Les Égyptiens seront appelés à élire leurs députés pendant trois jours.
AFP - Les premières élections législatives en Egypte depuis la chute du président Hosni Moubarak commenceront le 28 novembre prochain, marquant le début d'un processus électoral chargé au terme duquel l'armée promet le retour à un pouvoir civil.
La décision a été prise par le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirige le pays depuis la chute de M. Moubarak le 11 février, a annoncé mardi l'agence officielle Mena.
Le scrutin pour les députés de l'Assemblée du peuple se déroulera sur trois tours, les 28 novembre, 14 décembre et 3 janvier, et cette chambre se réunira pour la première fois le 17 mars.
L'élection des membres de la Choura (Sénat), la chambre haute, se tiendra également sur trois tours, entre le 29 janvier et le 11 mars.
Le système électoral complexe approuvé par le gouvernement combine un scrutin de liste pour les deux tiers des sièges, et un scrutin uninominal pour le tiers restant.
Seul des candidats indépendants seront éligibles aux scrutin uninominal, selon la loi publiée par la Mena, et chaque parti devra présenter au moins une femme sur sa liste.
Cette répartition est au centre d'une vive polémique. Le scrutin uninominal est en effet accusé par de nombreux partis politiques de favoriser le retour de personnalités proches de l'ancien pouvoir, qui pourraient se faire élire comme "indépendants" en bénéficiant de leurs réseaux locaux toujours puissants.
"C'est stupéfiant et sans précédent. C'est comme s'ils punissaient les partis qui ont demandé un scrutin de liste. Un tiers des députés sans affiliation à aucun parti, cela affaiblira le Parlement", a réagi le vice-président du parti "Liberté et Justice", fondé par l'influente confrérie des Frères musulmans.
"Cela ouvre la voie pour des personnalités de l'ancien régime", a affirmé pour sa part Mohammed Hamed, un responsable du Parti des Egyptiens libres. "Leur argument est que la vie politique en Egypte est encore naissante. Les partis pré-révolutionnaires étaient faibles et ceux qui se sont formés après la révolte sont encore en formation", a-t-il ajouté. "Mais il est clair qu'ils veulent un pourcentage de (membres de l'ancien régime)".
Des dizaines de partis, allant des salafistes (islamistes fondamentalistes) aux libéraux, souvent très peu structurés et encore mal connus, sont apparus après la chute du régime Moubarak.
La campagne et les résultats des Frères musulmans, réputés le mouvement le mieux organisé d'Egypte, seront également suivis de près.
La confrérie a formé son propre parti pour pouvoir se présenter en tant que formation politique, mais a promis de ne présenter de candidatures que pour la moitié des sièges en lice.
Selon un sondage publié en début de semaine par la Mena, 35% des Egyptiens disent soutenir la confrérie islamiste.
Selon le projet de loi électorale amendé, le nombre d'élus passera de 504 à 498 pour l'Assemblée du peuple, et de 390 à 270 pour la Choura.
Le futur parlement égyptien sera chargé de rédiger une nouvelle constitution pour le pays.
La date de l'élection présidentielle, à l'issue de laquelle l'armée a promis de remettre la totalité du pouvoir aux civils, n'est pas encore connue.
Si une nouvelle constitution devait être adoptée en préalable, le vote pour le prochain président pourrait ne pas intervenir avant la fin août 2012.
L'armée égyptienne a promis que les prochaines élections ne se dérouleraient pas sous le régime de la loi d'état d'urgence, une législation répressive en vigueur tout au long des trente ans de pouvoir de M. Moubarak.
Le champ d'application de cette loi vient toutefois d'être élargi, et l'armée a laissé planer, en invoquant des considérations sécuritaires, la possibilité qu'elle reste en vigueur jusqu'à la mi-2012, son échéance légale.
Le Parlement égyptien avait été dissous peu après la chute de M. Moubarak.
Les précédentes élections législatives, en novembre et décembre 2010, s'étaient traduites par une victoire écrasante des partisans du raïs. Le climat électoral entaché d'accusations de fraudes massives avait largement contribué à alimenter la colère des Egyptiens contre le régime, qui a abouti au soulèvement de janvier.