logo

Des investisseurs moyen-orientaux à la rescousse de BNP Paribas ?

Selon le Financial Times, BNP Paribas aurait approché des investisseurs du Qatar et d'Abou Dhabi afin de procéder à une hausse de 2 milliards d'euros son capital. Si la banque a démenti la rumeur, l'opération pourrait toutefois lui être bénéfique.

La BNP Paribas serait intéressée par l’argent des émirats. Selon le quotidien économique britannique Financial Times de jeudi, l'établissement français aurait en effet approché des fonds du Qatar et d’Abou Dhabi pour discuter d’une hausse de son capital de 2 milliards d’euros. Hier, une “source” qatarie avait déjà indiqué à l’agence de presse Reuters que l’émirat réfléchissait à apporter des fonds à la BNP.

Si l'opération se concrétisait, elle donnerait lieu à une injection massive de liquidités dans la banque française, puisqu’elle correspondrait "à peu de chose près à son profit net annuel”, souligne Pascal de Lima, professeur d’économie à Sciences Po-Paris et économiste en chef chez Altran, une société de conseils en finance qui compte plusieurs banques hexagonales parmi ses clients.

Le directeur général de BNP Paribas, Baudouin Prot, s’est toutefois empressé de démentir toute prise de contact avec des investisseurs moyen-orientaux, provoquant au passage une chute de l’action de la banque, ce jeudi.

A dire vrai cependant, Baudouin Prot ne pouvait guère faire autrement. “Un tel investissement pourrait être perçu comme une prise de contrôle d’une importante société française par des étrangers, ce qui ne manquerait pas de faire des remous, notamment dans le contexte électoral actuel”, explique Pascal de Lima. Cette hypothèse renforcerait, en outre, l’impression que les banques françaises ont besoin d’argent frais. Une idée contre laquelle se battent les banquiers et le gouvernement français depuis que la nouvelle directrice du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a déclaré, fin août, que les banques européennes avaient besoin d’être recapitalisées.

Le luxe en ligne de mire pour les Qataris

Les deux parties pourraient toutefois trouver un intérêt à cettre hausse de capital. BNP Paribas pourrait ainsi éviter un recours à des mesures drastiques pour enrayer la chute de son cours boursier, qui a perdu 50 % de sa valeur depuis le début de l'année. “Il y a deux choses qui, généralement, font augmenter le cours d'un titre : un apport d’argent frais ou des plans de licenciements”, relève Pascal de Lima.

Les investisseurs du Qatar et d’Abou Dhabi mettraient, quant à eux, un pied dans l’industrie française. “Les banques sont toujours des portes d’entrée pour s’intéresser ensuite à d’autres secteurs”, souligne Pascal de Lima, qui rappelle que, jusqu’à présent, il n’y avait pas de présence moyen-orientale importante dans le capital des banques françaises. Le principal attrait en France pour ces investisseurs, estime cet expert du système bancaire français, serait l’industrie du luxe.

Quant au fait que BNP Paribas serait à la recherche d'investisseurs au Moyen-Orient, il n'aurait rien d'étonnant non plus. Le dernier rapport sur l’État de la banque dans le monde publié en septembre 2011 par le cabinet de conseil américain McKinsey souligne en effet que le Qatar et d’autres émirats sont, avec la Chine, les “nouveaux financiers du monde”. “Cette nouvelle rumeur confirme simplement qu’il y a une redistribution des cartes au niveau mondial au profit des banques et des fonds issus des pays émergents”, conclut Pascal de Lima.