logo

Nouvelle intervention sanglante de l'armée à Sanaa

Deux roquettes ont explosé dans un campement installé par les opposants au régime du président Saleh dans la capitale, Sanaa, faisant au moins trois dans la nuit. Les affrontements se sont poursuivis mardi matin.

AFP - Des affrontements ont eu lieu mardi pour le troisième jour consécutif entre forces rivales à Sanaa où sept personnes ont été tuées, portant à 60 le nombre des morts depuis dimanche dans la capitale.

Ce regain de violences a mis en difficulté des efforts diplomatiques entrepris par l'ONU et les monarchies du Golfe pour une transition du pouvoir.

"Les forces de sécurité et la Garde républicaine ont violemment bombardé ce matin la place du Changement, tuant deux protestataires et en blessant sept autres", a déclaré à l'AFP un membre du Comité d'organisation.

it
"Les Yéménites ont perdu illusion dans le plan du Golfe."
Nouvelle intervention sanglante de l'armée à Sanaa

Un troisième protestataire a trouvé la mort, a indiqué une source médicale sans plus de précisions, en ajoutant que trois soldats du général dissident Ali Mohsen al-Ahmar, rallié à la contestation, avaient péri dans des affrontements dans plusieurs quartiers limitrophes de la place du Changement.

Une personne a été également tuée et 10 blessées dans la chute dans la nuit d'un obus sur l'université Al-Iman à Sanaa de l'influent chef islamiste, cheikh Abdelmajid Zendani, soupçonné par Washington de soutenir le terrorisme, a indiqué l'entourage du religieux.

Une source de sécurité a confirmé l'attaque, précisant qu'un bâtiment touché par l'obus contenait un stock d'armes et de munitions.

En milieu de journée, des milliers de manifestants ont marché de la place du Changement en direction de la rue al-Zoubeiri, sous la protection des soldats du général dissident, a rapporté un correspondant de l'AFP.

Les écoles et les banques étaient fermées et les habitants de certains quartiers de Sanaa se terraient chez eux. "Ils ne peuvent pas s'aventurer dans la rue", a déclaré un militant.

Lundi, 27 personnes avaient été tuées à Sanaa dans la répression par les forces de sécurité des manifestations réclamant le départ du président Ali Abdallah Saleh, au lendemain de la mort déjà de 26 protestataires.

Après une accalmie de plusieurs heures dans la nuit, les affrontements ont repris mardi matin vers 05H00 (02H00 GMT) entre les forces de sécurité et les soldats du général Ahmar sur la rue al-Zoubeiri où campent des protestataires depuis dimanche.

En outre, des positions des hommes du général al-Ahmar, rallié à la contestation en mars, ont été la cible de bombardements depuis le quartier Heddah, dans le sud de la capitale, où sont déployées des unités de la Garde républicaine, corps d'élite de l'armée, dirigée par le fils aîné du président Saleh, Ahmed, selon des témoins.

Ces bombardements ont pris pour cible des positions du général Ahmar près de la place du Changement, dans le nord de la capitale, a-t-on ajouté.

A Taëz (sud-ouest) où quatre manifestants ont été tués lundi, un habitant a trouvé la mort dans la nuit après la chute d'un obus dans une rue de la ville, la deuxième plus grande du Yémen, selon une source médicale.

Sur le plan diplomatique, l'opposition yéménite n'a pas encore rencontré les émissaires de l'ONU, Jamal Benomar, et du Conseil de coopération du Golfe (CCG) Abdellatif al-Zayani, arrivés lundi à Sanaa pour, selon un diplomate occidental, accélérer un accord sur une sortie de crise.

"L'opposition ne peut pas les rencontrer au moment où le sang coule à Sanaa", a déclaré à l'AFP un dirigeant du Forum commun, une coalition de l'opposition parlementaire.

Un responsable du parti au pouvoir, Soltane al-Barakani, a accusé lundi soir sur la télévision Al-Arabiya l'opposition d'avoir "entravé" la médiation de l'ONU et du CCG dont la réussite reste tributaire du retour des protestataires à "leurs positions antérieures" sur la place du Changement.

Le président Saleh, au pouvoir depuis 1978, fait face depuis janvier à un mouvement de contestation qui a fait plusieurs centaines de morts. Il a chargé la semaine dernière son vice-président de négocier avec l'opposition un transfert du pouvoir.

it
"Les tirs ont commencé très tôt ce mardi."