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La Journée du patrimoine version Parti socialiste

Le Parti socialiste (PS) a saisi l'occasion de la Journée du patrimoine pour ouvrir au public les portes de son siège, rue de Solférino, à Paris. Une opération durant laquelle on a davantage parlé de la primaire que de l'histoire des lieux...

"Nous avons voulu faire partager aux Français notre patrimoine. Nous avons voulu faire savoir que le siège du Parti socialiste [PS] est aussi une maison ouverte, la maison de tous les socialistes". Harlem Désir, premier secrétaire par intérim du PS, a enfilé, ce samedi, son plus beau costume de communiquant, à l’occasion de la première ouverture au public du siège parisien du parti dans le cadre de la Journée du patrimoine. "Cette journée n’a pas de lien avec la primaire [élection qui désignera, le 9 et 16 octobre, le candidat socialiste à la présidentielle de 2012]", a-t-il martelé, sourire éclatant, devant micros et caméras. On aurait pourtant juré le contraire. Vente de gadgets, simulation de primaire, distribution de tracts consacrés au projet socialiste… Au siège du PS, la Journée du patrimoine a l’odeur et la couleur d’une grande opération de communication.

"Je vote Léon Blum"

Dans la – famélique – foule de visiteurs venus visiter le 10 de la rue Solférino, à Paris, personne n’est dupe, et personne ne s’en offusque. Certains ont même fait le déplacement pour cela. "Je voulais juste savoir comment ça se passe pour les primaires, où on peut voter, quels documents présenter, etc.", explique Laurent, un quarantenaire "plutôt de gauche mais pas encarté au PS". Il vient d’ailleurs de participer à la simulation de vote organisée dans une salle du siège. Parmi les six (faux) candidats proposés – Jean Jaurès, Léon Blum, Aristide Briand, Louise Michel, Pierre Mendès-France et Cécile Brunschwig – il a choisi Léon Blum, chef du gouvernement à trois reprises au cours de la première moitié du XXe siècle, "pour les congés payés".

Sac "rose PS" au dos, Robert, encarté depuis six ans, est venu de Trappes, en banlieue parisienne, jusque dans le très chic VIIe arrondissement de la capitale pour participer à la simulation de vote. Il y a traîné son frère, tout nouveau militant socialiste. "On y a appris beaucoup de choses : comment voter et à quel bureau de vote se présenter", explique-t-il. Robert est enthousiaste. D’un enthousiasme débordant. Un très bon client pour la machine marketing du PS. Il est ressorti avec une inscription à la "newsletter" du parti, deux tee-shirts, un gobelet aux couleurs du PS… et un profil Facebook, qu’il a créé à la suggestion d’une animatrice Internet. "Maintenant, je suis ‘ami’ avec le Parti socialiste", se réjouit-il.

La primaire ? "Une entourloupe"

Sylviane observe toute la mise en scène d’un œil critique. "Je considère que le vote de la primaire est une entourloupe. Payer 1 euro [pour participer à l’élection du candidat socialiste], cette incitation au vote… Tout ça fait très américain alors que ça ne correspond ni à notre fonctionnement, ni à notre culture. Donc, non, je ne voterai pas à la primaire", affirme-t-elle, le verbe franc et le regard droit. "En plus, je considère que le PS a sa part de responsabilité dans l’affaire DSK [Dominique Strauss-Kahn]. Tout le monde, dans le parti, savait que c’était un homme porté sur le sexe et le PS l’a quand même appuyé et soutenu. Ne pas participer à la primaire est ma manière de marquer mon désaccord". Pourtant, cette sexagénaire énergique pourrait bien voter socialiste à l’élection présidentielle. "Mais pas au premier tour", conclut-elle dans un sourire.

Encartés, désencartés puis finalement réencartés au PS à l’approche du scrutin présidentiel de 2012, Alexandra et Olivier ont fait de leur passage rue de Solférino un acte militant. "On a voulu marquer notre soutien. Il faut qu’on se mobilise en masse en mai 2012", affirment-ils. Les deux jeunes gens soulignent "l’intérêt indéniable de visiter un haut lieu de la vie politique française" - que d’autres résument en un "simple élan de curiosité" - mais font peu de cas des spécificités historiques et architecturales de cet hôtel particulier, devenu siège du Parti socialiste en 1980 à la veille de l’élection de François Mitterrand. Heureusement, Harlem Désir s’en est chargé, évoquant rapidement, et sans passion, l’histoire du bâtiment, "un lieu chargé d’histoire et d’émotion". Journée du patrimoine oblige.