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Première prière du vendredi dans la nouvelle mosquée de la Goutte d'or

Transformée en lieu de culte, la caserne de pompiers de l'avenue des Poissonnniers, dans le 18e arrondissement à Paris, a ouvert ses portes à plus de 4 000 fidèles pour la prière de ce vendredi. Reportage et diaporama.

Dans le 18e arrondissement de Paris, les musulmans de la Goutte d’or, qui avaient pris l'habitude de prier dehors faute de place dans les deux autres lieux ce culte du quartier, ont pu se recueillir dans une nouvelle mosquée. À 14 heures, le hangar de la caserne de pompiers de l’avenue des Poissonniers, provisoirement transformé en mosquée, a ouvert ses portes pour la première fois.

Malgré les réticences de quelques-uns à se recueillir dans un "local" qui, entre autres imperfections, n’est pas tourné vers la Mecque, 4 000 à 5 000 fidèles se sont agenouillés dans la cour et les salles de prière au moment où l’imam Mimoun a entamé son chant. Ces chiffres, communiqués par le cheikh Salah Hamza, recteur de la mosquée de la rue Myrha, devraient être amenés à augmenter dans les semaines à venir d’après les habitués du quartier.

"Il y avait beaucoup de monde aujourd’hui mais moins que d’habitude, constate Myriam, responsable de l’orientation des femmes à la mosquée Khaled Ibn-Walid de la rue Myrha, je pense que certains se sont perdus en route parce qu’ils ne sont pas habitués. Mais la semaine prochaine, je suis sûre que nous serons encore plus nombreux."

Encore sale et dénudé la veille, le "local" a été transformé en lieu de culte grâce aux efforts de plusieurs dizaines de bénévoles qui se sont mobilisés à la dernière minute pour rendre l'endroit plus approprié à la célébration du culte. Derrière les portes couleur "rouge pompier", des tapis tressés recouvrent désormais le sol en béton et un mihrab de bois sculpté trône au centre de la salle de prière des hommes.

"Avant, on était serré comme des sardines"

Afin de résoudre le problème des prières de rue, interdites par le ministre de l’Intérieur à compter du 16 septembre sous peine d'arrestation, les préfectures de police de Paris et d'Ile-de-France ainsi que les responsables musulmans des mosquées de la rue Myrha et de la rue Polonceau ont passé un accord pour que la caserne accueille "le trop plein de fidèles", selon les termes du recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur. Les salles de prière de la Goutte d'or connaissent en effet une très forte affluence, les vendredis. Faute de place dans les deux bâtiments, jusqu'à 7 000 fidèles se sont régulièrement retrouvés à l'extérieur pour prier.

En dépit des améliorations qui restent à apporter, la plupart des fidèles présents ce jour se disent satisfaits de ce nouveau lieu de prière : "Ils n’ont pas prévu d’emplacement pour les chaussures mais c’est pas mal", lance un homme en tentant de trouver une place de choix pour ses mocassins en cuir parmi les milliers de paires de chaussures. Du côté des femmes, ce sont les sacs à main, les caddies, les cabas, les poussettes et les chaussures à talons qui s’entassent à l’entrée de la petite salle.

"À Polonceau, on était serré comme des sardines. Ici, on a plus de place. Une prière est une prière, alors pourquoi pas se recueillir dans une caserne ? Dieu est partout", estime Hasma, en redressant sa petite fille à couettes dans sa poussette.

Seule une poignée de salafistes est venue exprimer son mécontentement rageur. "Frères, réveillez-vous ! On veut nous enfermer ici pour qu’on ne prie pas dans la rue. Mais moi je prie où je veux !", hurle un frondeur enveloppé dans un keffieh. Il dénonce également la présence de femmes journalistes dans l’enceinte du lieu de culte. Mais cette manifestation ne récolte que l’hostilité des milliers de fidèles. "C’est à cause d’eux que nous avons une mauvaise image, nous, les musulmans. Ils font de la provocation. Mais nous, on vient ici pour ne plus déranger la rue et pour prier en toute tranquillité", lance Nouriah en partant.