logo

Pour Olmert, la libération de Shalit est la priorité d'Israël

Alors que les négociations en vue d'une trêve avec le Hamas se poursuivent, le Premier ministre israélien a affirmé que la libération du soldat Gilad Shalit est désormais la première des exigences de l'État hébreu.

Depuis ce lundi, le nom de Gilad Shalit - jeune soldat franco-israélien de 21 ans capturé le 25 juin 2006 à la lisière de la bande de Gaza par trois groupes armés dont la branche militaire du Hamas - figure à la première place des priorités de l’État hébreu. Alors que le gouvernement israélien discute actuellement des conditions qui pourraient mener à une trêve avec le Hamas, le Premier ministre Ehud Olmert a affirmé lors de la Conférence des présidents des organisations juives américaines organisée à Jérusalem que la libération de Shalit constituait la première des exigences d’Israël. Juste devant l’arrêt du trafic d’armes de contrebande entre l’Egypte et la bande de Gaza, et l’instauration d’un cessez-le-feu total.

Depuis cette mise au point, nombre de commentateurs s’interrogent sur les réelles intentions du gouvernement Olmert. Jusqu’où l’Etat hébreu est-il prêt à aller pour obtenir du Hamas la libération du jeune militaire, dont l’enlèvement avait suscité l’émoi de l’opinion publique israélienne ?

"Ehud Olmert est prêt à faire beaucoup de choses pour redorer son image, explique le journaliste palestinien Sufyan Rahami, interrogé par FRANCE 24. Démissionnaire, le Premier ministre aimerait obtenir la libération du soldat Shalit avant de quitter le pouvoir. Reste à savoir s’il parviendra à convaincre les autres dirigeants israéliens."

"Qui va lâcher le premier ?"


Car le chef de gouvernement s’est dit prêt à "payer beaucoup" pour obtenir gain de cause auprès du Hamas, faisant ainsi allusion à la liste des centaines de détenus palestiniens dont le mouvement islamiste demande l’élargissement. Pas question cependant de brûler les étapes : "Nous ne permettrons pas l’ouverture des points de passage avant que Shalit ne soit rentré chez lui", a précisé Ehud Olmert ce lundi.

"Le gouvernement israélien pense que s’il cède sur les points de passage, le Hamas ne fera plus rien pour libérer Shalit, commente pour FRANCE 24 Gil Mihaely, éditorialiste au quotidien israélien "Yediot Aharonot". La question est de savoir qui va lâcher le premier. Est-ce que ce sera Israël qui, face aux pressions de la communauté internationale, mettra un terme au blocus ? Ou bien le Hamas qui, face à la détérioration des conditions de vie des Gazaouis, acceptera de libérer Shalit contre l’ouverture des points de passage."

Selon Sufyan Rahami, le statu quo politique qui prévaut en Israël depuis les législatives du 11 février joue en faveur du mouvement islamiste. "On ne sait pas encore qui sera le prochain Premier ministre israélien. Le Hamas se trouve donc dans une position très confortable. Et profite très intelligemment de cette période d’incertitude pour négocier."

Le temps presse

L’organisation islamiste pourrait ainsi obtenir la libération de plusieurs prisonniers palestiniens figurant sur sa liste dans les prochains jours. Selon l’AFP, le cabinet de sécurité israélien doit se réunir cette semaine pour prendre une décision. D’après la chaîne de télévision israélienne Channel 10, l’Etat hébreu envisagerait même de libérer l’ancien chef du Fatah en Cisjordanie, Marwan Barghouthi, qui purge une peine de prison à vie en Israël.

"Le Hamas pourrait accepter la libération de Shalit contre le dirigeant du Fatah Barghouti pour humilier l’Autorité palestinienne et montrer au monde que ce sont eux qui sont capable de faire bouger les choses", estime Gil Mihaely.

Reste que pour les deux parties, le temps presse. D’autant que de nombreuses incertitudes pèsent encore sur la santé du jeune détenu aujourd’hui âgé de 21 ans. Dans un message audio rendu public par le Hamas en juin 2007, le soldat affirmait que "son état de santé ne cessait de se dégrader".

Récemment, certaines rumeurs affirmaient que le prisonnier franco-israélien avait trouvé la mort durant l’un des raids menés par l’armée israélienne sur Gaza.

"Je suis sûr que Shalit est vivant, affirme Sufyan Rahami. Ses ravisseurs ont tout intérêt à le garder en vie, ne serait-ce que pour pouvoir obtenir, en échange, la libération du plus grand nombre de prisonniers palestiniens."