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La police a arrêté trois Indiens du Cachemire soupçonnés d'être liés à l'attentat à la bombe survenu mercredi devant la Haute Cour de justice de New Delhi. L'explosion a causé la mort d'au moins douze personnes et en a blessé des dizaines d'autres.

AFP - Trois Indiens de la région du Cachemire à majorité musulmane ont été interpellés jeudi après l'attentat meurtrier devant la Haute cour de New Delhi, une nouvelle attaque qui a poussé le Premier ministre à admettre des "faiblesses" systémiques dans la sécurité intérieure.

La puissante explosion à la bombe survenue mercredi matin en plein coeur de la capitale indienne a fait au moins 12 morts et près de 80 blessés, parmi une foule d'avocats et de plaignants qui faisaient la queue devant l'une des portes principales du tribunal pour obtenir un laisser-passer.

Les enquêteurs continuaient d'étudier l'authenticité d'un message électronique revendiquant l'attentat au nom d'une organisation se présentant comme le Harkat-ul-Jihad al-Islami (HuJI), un groupe islamiste lié à de précédentes attaques perpétrées sur le sol indien.

Le message, envoyé à des médias indiens, affirme que l'attentat visait à demander l'abrogation immédiate de la peine de mort prononcée en 2004 à l'encontre d'un Indien du Cachemire pour son implication dans un attentat contre le parlement en 2001.

La police a interpellé jeudi deux frères propriétaires d'un cyber-café à Kishtwar, une ville située dans le sud de l'Etat indien du Jammu-et-Cachemire (nord), à environ 535 km de la capitale fédérale indienne. L'un des employés a aussi été interpellé, a indiqué une source policière sous couvert d'anonymat.

Dans sa partie indienne, la région du Cachemire est en proie depuis plus de 20 ans à une insurrection islamiste.

La police n'a toutefois procédé à aucune arrestation formelle.

Affichant à la +une+ des images sanglantes de corps déchiquetés, les quotidiens nationaux dénonçaient jeudi "le laxisme" des mesures de sécurité ainsi que l'incapacité des autorités à empêcher les attentats et identifier les responsables.

Le 13 juillet, l'Inde avait été visée par un triple attentat, toujours non élucidé, qui avait fait 26 morts et plus de 100 blessés à Bombay.

Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière qu'ait connue la mégapole économique indienne depuis celle perpétrée par des militants islamistes en 2008, qui avait fait 166 morts.

Sous pression, la police a diffusé mercredi soir le portrait-robot de deux suspects sur la base d'auditions de témoins. Une voiture pouvant avoir été utilisée par les auteurs de l'attentat était aussi activement recherchée jeudi.

"Nous avons quelques pistes mais il est trop tôt pour dire quel groupe est derrière" l'attentat, a déclaré le Premier ministre, Manmohan Singh, à des journalistes dans l'avion le ramenant en Inde mercredi après une visite officielle au Bangladesh.

"Il y a à l'évidence des problèmes non résolus et des faiblesses dans notre système et les terroristes en profitent", a-t-il admis, avant d'ajouter: "Nous devons travailler dur pour colmater ces faiblesses".

Depuis les sanglants attentats de Bombay en 2008, l'Inde a maintes fois assuré avoir renforcé ses mesures de sécurité. Mais à chaque nouvelle attaque, les experts, sceptiques, pointent les failles de la police et des services de renseignement en matière de lutte antiterroriste.

Une réunion à l'initiative du ministre de l'Intérieur, P. Chidambaram, s'est tenue jeudi en présence du conseiller en sécurité intérieure, Shivshankar Menon, pour faire le point sur la situation.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, la France, les Etats-Unis et le Canada ont condamné l'attentat, qui s'est produit quelques jours avant la commémoration du dixième anniversaire des attaques du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.

Des équipes de l'identité judiciaire passaient jeudi au peigne fin les débris provoqués par la puissante explosion. L'enquête est dirigée par l'Agence nationale d'investigation (NIA), un organisme mis en place après les attentats de Bombay en 2008.