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Les forces de sécurité lancent une opération de grande envergure à Homs

Au lendemain du report de la visite à Damas du secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi, prévue pour mercredi et repoussée à samedi, les forces de sécurité syriennes ont lancé une vaste opération à Homs, dans le centre du pays.

AFP - Les forces de sécurité ont lancé mercredi une vaste opération dans la ville de Homs dans le centre de la Syrie ainsi que dans la région de Deraa, berceau de la contestation (sud), après avoir demandé le report au dernier moment d'une visite du chef de la Ligue Arabe à Damas.

Neuf personnes ont été tuées par balles lors d'une incursion de plusieurs chars et transports de troupes à Homs, ont rapporté des militants faisant état également de nombreuses ambulances sillonnant les rues de cette ville du centre de la Syrie.

La France accuse le régime de "crimes contre l'humanité"

AFP - Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a accusé mercredi à Moscou le régime syrien de s'être rendu coupable de "crimes contre l'humanité" en réprimant les manifestations de l'opposition.

"On constate que le régime syrien s'est livré à des crimes contre l'humanité", a déclaré M. Juppé lors d'une conférence de presse commune à l'issue d'entretiens avec son homologue russe Sergueï Lavrov, dont le pays refuse jusqu'à présent de se joindre à une condamnation au Conseil de sécurité de l'ONU.

"La façon dont il (le régime syrien, ndlr) a réprimé la manifestation populaire n'est pas acceptable", a-t-il ajouté.

M. Juppé a souhaité que la Russie accepte de soutenir une condamnation du régime syrien au Conseil de sécurité, que Moscou bloque depuis des mois.
 

"Les forces de sécurité ont ouvert le feu au cours d'une opération sécuritaire lancée dans la ville de Homs, tuant neuf personnes et blessant 20 autres", a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH, basé en Grande-Bretagne).

L'OSDH a précisé que "les forces de sécurité ont tiré à la mitrailleuse lourde" et qu'une "colonne de fumée noire s'élevait d'un immeuble" dans le quartier de Bab Dreib, notant que les lignes de téléphone fixe étaient coupées partout dans Homs.

L'ONG fait état en outre de l'arrivée de "renforts militaires comprenant notamment 20 camions chargés de soldats" tandis que les Comités locaux de coordination (LCC), qui chapeautent le mouvement de contestation, parlent de la présence de chars.

Dans la nuit de mardi à mercredi, environ 2.000 personnes avaient de nouveau manifesté dans la ville, selon des militants.

Depuis plusieurs jours, la répression s'est intensifiée à Homs et sa région, où les opérations de l'armée et des forces de sécurité sont de plus en plus régulières, parallèlement à une contestation qui prend de l'ampleur.

Dans le sud du pays, mercredi "plusieurs personnes ont été blessées lors d'une incursion des forces de sécurité et de l'armée dans la localité de Naaymé (à 50 km au sud de Deraa)", a indiqué le président de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane joint au téléphone par l'AFP.

Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a accusé le régime syrien de s'être rendu coupable de "crimes contre l'humanité" en réprimant un vaste mouvement de contestation.

"On constate que le régime syrien s'est livré à des crimes contre l'humanité", a déclaré M. Juppé, répondant à son homologue russe Sergueï Lavrov.

La Syrie, ainsi que la Libye devaient être au centre de pourparlers entre les ministres français et russes des Affaires étrangères et de la Défense mercredi à Moscou, qui bloque l'adoption d'une résolution aux Nations unies condamnant la répression.

Au plan diplomatique, la Syrie a demandé, "en raison de circonstances indépendantes de (sa) volonté", au secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi de reporter sa visite prévue mercredi à Damas, selon l'agence officielle syrienne SANA.

M. Arabi, devait se rendre à Damas pour demander au président syrien Bachar al-Assad de mettre un terme à la répression et d'organiser un scrutin présidentiel en 2014, selon la copie obtenue par l'AFP d'une proposition de la Ligue.

Les LCC ont qualifié mercredi cette proposition de "bonne base pour résoudre la crise déclenchée après que le régime eut décidé de répondre au soulèvement par la violence".

"Bien que nous ne faisons pas confiance au régime ou au président et que nous ne les considérons pas comme légitimes et malgré nos réserves concernant une présidentielle ouverte à plusieurs candidats en 2014, nous sommes ouverts aux autres points de l'initiative s'il y a une garantie arabe et internationale suffisante pour les appliquer", affirment le LCC dans un communiqué.

Selon l'ONU, les violences quasi-quotidiennes en Syrie ont fait au moins 2.200 morts depuis le début des manifestations anti-régime à la mi-mars, en majorité des civils. Le régime soutient en revanche qu'il lutte contre "des bandes terroristes armées".

Pour faire pression sur la Syrie, la communauté internationale et notamment les Etats-Unis ont annoncé récemment des sanctions commerciales très sévères.

Le ministre syrien des Finances, Mohamed Jleilati, a estimé que le taux de croissance en Syrie, qui avait atteint 5,5% en 2010, devrait chuter à environ 1% en 2011 reconnaissant un "impact négatif sur l'économie" du mouvement de contestation du régime qui a débuté à la mi-mars.

Il a reconnu par ailleurs, en marge d'une réunion des ministres arabes à Abou Dhabi, que "le commerce et l'industrie seront affectés par les sanctions car la plupart des exportations de la Syrie sont destinées à l'Europe".

Mais le ministre a minimisé l'impact des sanctions décrétées vendredi sur l'industrie pétrolière par l'Union européenne, qui achète 95% du pétrole exporté par la Syrie, ce qui représente entre un quart et un tiers des recettes du pays.

"Soixante-dix pour cent du pétrole syrien est raffiné en Syrie. Ce qui reste est exporté vers des pays amis", a souligné M. Jleilati dont le pays mise désormais sur les marchés émergents comme la Chine et l'Inde pour exporter son pétrole.

Le ministre a affirmé que le tourisme n'avait pas été très affecté, admettant que le taux d'occupation des hôtels avait baissé mais s'établissait à environ 40 à 50%. Le tourisme a représenté en 2010 12% du PIB avec des recettes de 6,5 milliards de dollars.