
Le tribunal doit trancher sur la présence de Jacques Chirac à son procès après que le parquet de Paris a soutenu la requête de la défense qui demande que l'ex-président soit dispensé de comparution pour raisons de santé.
Sans surprise, le procès de Jacques Chirac dans l'affaire des emplois présumés fictifs de la Ville de Paris s’est ouvert ce lundi par un débat autour de l'absence de l'ex-chef de l’État qui souffre selon ses proches de troubles de la mémoire. Lors de cette première audience, la requête de l’ancien président qui avait demandé à être dispensé de comparution, rapport médical à l’appui, a été soutenue par le parquet de Paris. Le procureur de la République Michel Maes a en effet demandé au tribunal "d’accepter" que Jacques Chirac soit représenté par ses avocats.
L’association anti-corruption Anticor, constituée partie civile, a en revanche appelé à "une expertise judiciaire totalement contradictoire et transparente". Il est possible de "désigner un expert ce jour, qui pourrait rendre un rapport dès demain", a déclaré Me Jérôme Karsenti.
La décision de dispenser ou non Jacques Chirac est désormais entre les mains de Dominique Pauthe, le président de la XIe chambre correctionnelle de Paris qui devrait statuer sur le sort de l'ex-président ce lundi soir, au plus tard mercredi. Deux choix s’offrent à lui : maintenir le procès en son absence ou le renvoyer pour nouvelle expertise. Toutefois, "l’option d’imposer la présence de Jacques Chirac paraît assez peu vraisemblable", pronostique notre journaliste Pauline Paccard qui suit le procès pour FRANCE 24.
État de vulnérabilité
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La défense de Jacques Chirac a prévenu samedi que l'ex-président de 78 ans, "n'a plus l'entière capacité de participer au déroulement des audiences" et qu'il avait demandé à ses avocats de le "représenter" au procès.
"Jacques Chirac est dans un état de vulnérabilité qui ne lui permet pas de répondre aux questions sur son passé", souligne le rapport médical signé par le professeur de neurologie Olivier Lyon-Caen. "Il n'a plus la mémoire pour cela", a confié samedi à l'AFP son gendre, Frédéric Salat-Baroux. Le "Journal du Dimanche" a avancé, de son côté, que l'ancien président souffre d'anosognosie, c'est-à-dire d'une ignorance des troubles dont il est atteint.
Toutefois, dans une lettre jointe au dossier médical, Jacques Chirac a indiqué au tribunal son souhait de voir le procès aller à son terme et sa volonté d'assumer ses responsabilités. Cet énième rebondissement dans un feuilleton judiciaire qui dure depuis plusieurs années conforte le camp des détracteurs de l’ex-président qui voient dans cette absence une dérobade savamment mise en scène.
Abandon du procès ?
Et pour cause, Me Le Borgne, l’avocat d’un coprévenu de Jacques Chirac, a suggéré ce lundi l’abandon pur et simple du procès pour prescription.
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"La non comparution de Jacques Chirac est la conséquence du dépassement du délai raisonnable", a-t-il plaidé à la barre avant de demander au tribunal "l'extinction de l'action publique."
L’ancien chef d’État - et neuf autres coprévenus - sont poursuivis pour "prise illégale d'intérêt", "abus de confiance" et "détournement de fonds publics" pour des faits présumés remontant au début des années 1990. Concrètement, l'ancien chef de l'État est accusé, alors qu’il était maire de Paris, d’avoir fait employer 28 personnes par la mairie de Paris alors qu’elles travaillaient en réalité pour le Rassemblement pour la République (RPR). Il encourt jusqu’à dix ans de prison et 150 000 euros d'amende. Le nouvel acte de cette saga judiciaire intervient après quatre années d'atermoiements judiciaires et deux renvois pour raisons de procédure.