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Nouvel appel à manifester sous le slogan "la mort plutôt que l'humiliation"

Les activistes appellent à une nouvelle journée de manifestations contre le régime de Bachar al-Assad ce vendredi, alors que l'Union européenne doit adopter dans la journée son embargo sur les importations de pétrole syrien.

AFP - Sept personnes ont été tuées jeudi lors de manifestations anti-régime et d'opérations de la Sécurité pour réprimer la contestation en Syrie, à la veille de nouvelles protestations à l'appel de militants sous le slogan "La mort plutôt que l'humiliation".

Face à la répression persistante, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton a estimé que la communauté internationale devait accroître la pression sur le président Bachar al-Assad pour qu'il quitte le pouvoir en sanctionnant les secteurs pétrolier et gazier. "La violence doit s'arrêter et il doit partir".

L'Union européenne compte de son côté adopter vendredi son embargo sur les importations de pétrole syrien, une mesure qui aura un impact certain, l'UE achetant 95% du pétrole exporté par la Syrie, l'Occident ne parvenant toujours pas à bâtir un consensus à l'ONU pour sanctionner le régime syrien.

Dans la région de Homs (centre), où les forces de sécurité ont tiré sur des manifestants, quatre personnes dont un enfant de 11 ans ont été tuées et plusieurs blessées, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) basé au Royaume-Uni.

Des véhicules blindés sont entrés dans la ville, ont indiqué les Comités locaux de coordination (LCC), un groupe animant les manifestations.

Dans la province d'Idleb (nord-ouest), un septuagénaire a été tué dans la chute d'une roquette sur sa maison dans le village d'Al-Rama où un grand nombre de jeunes ont par ailleurs été arrêtés, a ajouté ce groupe.

A Deir Ezzor (est), un jeune homme a été tué par des tirs de "miliciens" du régime et les troupes ont ouvert le feu sur des protestataires, selon l'ONG. Une fillette de 10 ans a succombé à ses blessures par balles reçues la veille près du siège de la police alors qu'elle était dans un taxi, a-t-elle ajouté.

A Alep (nord), deuxième ville de Syrie, les forces de sécurité ont tiré pour disperser des manifestations tuant un civil, a précisé l'OSDH.

Malgré la poursuite de la répression de la révolte lancée le 15 mars, les militants pro-démocratie ont appelé à de nouvelles manifestations vendredi pour réclamer la chute du régime, sur leur page Facebook "Syrian revolution".

Les rassemblements auront lieu sous le slogan "la mort plutôt que l'humiliation". "Nous sommes prêts à mourir par millions en martyrs", écrivent-ils en soulignant que leurs manifestations sont "pacifiques", en réponse au régime qui attribue les violences à des "groupes terroristes armés".

Les LCC ont de leur côté affirmé que les protestations se poursuivraient "tous les jours jusqu'à la chute du régime".

Pour l'administration américaine, l'opposition syrienne devient progressivement "plus représentative". Elle inclut "un large échantillon de la société et nous voyons aussi une coordination plus étroite entre les Syriens hors de Syrie et l'opposition à l'intérieur mais il y a du chemin à faire".

Le chef de la Ligue syrienne des droits de l'Homme, Abdel Karim Rihaoui, a fait entre-temps état de l'arrestation d'une dizaine de personnes lors de perquisitions dans la région de Damas.

En outre, le procureur général de la ville de Hama (centre), Adnane Mohamed el-Bakkour, a annoncé sa démission pour protester contre "les exactions du régime à Hama", dans une vidéo diffusée sur internet.

Il y dénonce "la mort de 72 détenus dans la prison centrale enterrés dans une fosse commune", celle "de 420 personnes tuées par les forces du régime et enterrées dans des fosses communes" et la mort d'environ 320 personnes sous la torture dans les commissariats.

"Le procureur Bakkour a été forcé par ses ravisseurs de donner des informations mensongères", a déclaré le gouverneur de Hama, Anas Naaem, selon l'agence officielle Sana, après l'annonce par les autorités de son "rapt".

Le régime syrien est contesté depuis la mi-mars par des manifestations quasi-quotidiennes, dont la répression a fait selon l'ONU au moins 2.200 morts, en majorité des civils.

Le président français Nicolas Sarkozy a estimé, à l'issue d'une "Conférence internationale pour le soutien à la Libye nouvelle", que "la Libye démocratique" était "une opportunité pour l'opposition syrienne".

"C'est incontestablement quelque chose qui devrait avancer plus vite parce qu'il y a des gens qui meurent en Syrie, que le pouvoir syrien a franchi l'inacceptable", a-t-il dit.