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Un journaliste du Monde espionné par les services secrets français

Le quotidien Le Monde assure que les appels téléphoniques d'un de ses journalistes enquêtant sur l'affaire Bettencourt ont été examinés par le renseignement. Le ministère de l'Intérieur parle de "repérages de communication téléphoniques".

AFP - La direction centrale du renseignement intérieur (DCRI, contre-espionnage) a bien examiné les appels téléphoniques passés par un journaliste du Monde pour tenter d'identifier ses sources dans l'affaire Bettencourt, assure le quotidien dans son édition à paraître jeudi en fin de matinée.

Selon Le Monde, qui dénonce une "violation de la loi sur le secret des sources pour tenter de colmater les fuites du dossier Bettencourt", la DCRI a effectué une recherche des facturations détaillées (fadettes) des appels téléphoniques passés par leur collaborateur Gérard Davet, entre le 12 et le 16 juillet 2010.

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"à aucun moment le Monde n'a parlé d'écoutes téléphoniques"
Un journaliste du Monde espionné par les services secrets français

Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a confirmé jeudi sur France Info que la DCRI avait bien réalisé des "repérages de communications téléphoniques, ce qui est tout à fait différent d'écoutes". M. Guéant a ajouté qu'il "s'agissait de rechercher l'auteur de la divulgation à l'intérieur de l'administration de procédures judiciaires, ce qui est tout à fait scandaleux".

"Pour le reste, a conclu le ministre, une plainte a été déposée par Le Monde et la justice dira ce qu'il en est".

Une information judiciaire a été ouverte le 13 mai après la plainte avec constitution de partie civile du quotidien Le Monde pour "violation du secret des sources" et confiée au juge Sylvie Zimmermann.

Le Monde avait alors accusé l'Elysée d'avoir sollicité les services du contre-espionnage pour identifier le ou les informateurs de son journaliste travaillant sur l'affaire Bettencourt-Woerth.

Sur la base de relevés téléphoniques, David Sénat, conseiller pénal au cabinet de la garde des Sceaux de l'époque, Michèle Alliot-Marie, avait dû quitter ses fonctions, soupçonné d'avoir été une de ces sources.

Selon Le Monde, les gendarmes de la section de recherches de Paris, chargés de l'enquête, ont rapidement fourni aux enquêteurs deux télécopies de réquisition classées "confidentiel", adressées par la DCRI à l'opérateur de téléphonie Orange.

La première réclame les factures téléphoniques détaillées liées au téléphone portable (numéro des correspondants, heure de tous les appels entrants et sortants et leur géolocalisation) de Gérard Davet, entre le 12 et le 16 juillet 2010. Ces réquisitions ont ainsi été ordonnées, écrit le quotidien, juste après la révélation par Le Monde, dans son édition datée du 18-19 juillet 2010, du contenu des déclarations à la police de Patrice de Maistre, l'homme de confiance de Liliane Bettencourt. Le gestionnaire de fortune y mettait en difficulté Eric Woerth, ministre du Travail de Nicolas Sarkozy.

La seconde réquisition concerne la liste des appels passés par David Sénat, soupçonné d'être la "source" du Monde.

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Gérard Davet, l'un des deux auteurs du livre "Sarko m'a tuer" mettant en cause Nicolas Sarkozy
Un journaliste du Monde espionné par les services secrets français