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La Fed n'annonce aucune décision pour favoriser la croissance américaine

Ben Bernanke, président de la Réserve fédérale, appelle Washington à compléter son action de relance, sans toutefois annoncer de nouveau plan de stimulation monétaire. La bourse de New York a creusé ses pertes peu après son intervention.

REUTERS - Le président de la Réserve fédérale Ben Bernanke s'est abstenu vendredi d'annoncer de nouvelles décisions pour relancer la croissance mais il a estimé qu'il était primodial pour l'économie de réduire le taux de chômage de long terme.

Même s'il reste optimiste sur le long terme, le patron de la Fed a bien souligné que certaines évolutions restaient troublantes. Il a surtout dit que la Fed se réunirait deux jours en septembre, au lieu d'un prévu à l'origine, pour étudier, entre autres choses, les possibilités d'apporter à l'économie un nouveau stimulant monétaire.

La banque centrale a revu à la baisse ses perspectives de croissance de l'économie américaine, a poursuivi Bernanke, soulignant que la politique de l'institut d'émission avait pour priorité de relancer la croissance, sans pour autant aller jusque dans les détails de ses intentions.

"Il est évident que la reprise après la crise a été bien moins robuste que nous ne l'avions espéré", dit-il, dans un discours qu'il devait prononcer à l'occasion des rencontres annuelles de la Fed de Jackson Hole (Wyoming).

Le dollar a monté et la Bourse a accru ses pertes en réaction à ses propos, certains intervenants ayant espéré quelque chose de plus clair en faveur d'un nouvel assouplissement monétaire.

"Les fondamentaux de croissance des Etats-Unis ne semblent pas avoir été affectés de manière permanente par les chocs des quatre dernières années", explique Bernanke. "La convalescence économique prendra du temps et il se peut qu'on essuie des revers en cours de route (...) Toutefois, le traitement ne devrait pas laisser de grandes cicatrices".

Bernanke a insisté sur le fait que l'essentiel du travail pour établir des fondations solides soutenant une croissance sur le long terme relevait de la Maison Blanche et du Congrès.

"Les tensions financières ont été, et continuent d'être, une entrave d'importance à la reprise, ici comme ailleurs", dit-il. "Il est difficile d'évaluer dans quelle mesure ces évolutions ont affecté l'activité économique jusqu'à présent mais il est quasiment certain que la confiance des ménages et des entreprises a été altérée et que cela pose des risques bien présents pour la croissance".

"De petits pas"

La Fed avait dit au début du mois qu'elle laisserait proche de zéro son taux d'intervention pendant encore deux ans au moins et qu'elle examinait quelles dispositions elle pourrait encore prendre pour doper la croissance.

Bernanke n'a fait que répéter la dernière déclaration de politique monétaire de la Fed suivant laquelle elle examinait les choix à sa disposition et était prête à agir si nécessaire.

Certains sur les marchés se sont pris à espérer qu'elle lancerait une nouvelle vague d'assouplissement quantitatif (QE3), après avoir déjà racheté pour 2.300 milliards d'obligations. Plusieurs analystes voient la Fed agir plus modestement, par exemple en recomposant son portefeuille d'actifs vers des maturités plus longues.

"La politique monétaire doit réagir aux changements économiques et, en particulier, aux perspectives de croissance et d'inflation", a encore déclaré Bernanke, réaffirmant qu'une baisse des cours des matières premières aurait pour effet de ramener l'inflation vers les 2%, voire un peu moins, qui sont l'objectif de la banque centrale.

Dans un entretien à la chaîne CNBC avant que ne soit publié le discours de Bernanke, Charles Plosser, président de la Fed de Philadelphie, déclarait qu'acheter encore des obligations ne serait pas d'un grand secours pour une économie qui n'a crû que de 1% au deuxième trimestre, après +0,4% le trimestre précédent.

Plosser est l'un des chantres du combat contre l'inflation au sein de la Fed et avait objecté à ce que celle-ci décide d'informer les marchés de son intention de laisser les taux ultra-bas pendant encore deux ans au moins.

Certains à la Fed évoquent la possibilité d'acheter encore plus de dette longue et de revendre des instruments courts, ce qui pourrait générer une pression à la baisse sur les taux longs sans gonfler encore le bilan de la banque centrale.

En dehors de l'effet psychologique, une baisse des taux longs pourrait encourager les achats de logements et d'automobiles, ainsi que les investissements des entreprises.

"Ce sont de petits pas", dit John Silvia, économistge de Wells Fargo. "Ce n'est pas le moment de foncer toutes voiles dehors".

Certains membres de la Fed ne voient pas de grand mérite à cette tentative de peser sur les taux longs. "Cela n'aurait pas grand effet; ça fait longtemps qu'on fait des analystes pour le démontrer", a dit ainsi à Reuters James Bullard, président de la Fed de Saint-Louis.