
Après la démission de Steve Jobs pour raison de santé, Tim Cook, directeur opérationnel, a été nommé, mercredi, à la tête d’Apple. Le nouveau PDG de l’entreprise demeure largement méconnu du grand public. Portrait
Succéder à Steve Jobs : la tâche est ardue tant le nom d’Apple semble indissociable de celui de son co-fondateur. Tim Cook a pourtant pris officiellement mercredi la tête de l’une des plus célèbres entreprises américaines au monde.
"Je recommande fortement que nous mettions en œuvre notre plan de succession et nommions Tim Cook, PDG d’Apple", a écrit Steve Jobs dans sa lettre de démission pour raison de santé.
C’est donc adoubé par le père des iPods, iPhones et autres "itechnologies" que Tim Cook passe du poste de directeur opérationnel à celui de grand maître de la maison Apple.
Âgé de 50 ans, l’homme a déjà fait tourner la machine Apple et occupé le poste de PDG par intérim. Entre janvier et juin 2009, c’est lui qui remplace Steve Jobs lorsque celui-ci doit subir une transplantation du foie pour guérir son cancer du pancréas.
De même lorsque le co-fondateur prend de nouveau du repos pour raison de santé en janvier 2011, c’est encore lui qui est choisi.
Malgré ses états de service, le nouveau PDG d’Apple demeure largement méconnu du grand public. Et pour cause, dans un long portrait du magazine américain Fortune de 2008, il apparaît comme un homme cherchant à éviter autant que possible toute exposition médiatique. Tim Cook "ne se sent à l’aise que lorsqu’il est question d’organiser et de rationaliser la production", remarque le média qui le qualifie de "maestro des affaires". Une inclinaison qui lui vient de ses études puisqu’il détient à la fois un diplôme de management (MBA) de l’université de Duke (Caroline du Nord) et un autre d’ingénieur industriel de l’université d’Auburn (Alabama).
Longue expérience chez l’ennemi
Tout l’inverse de Steve Jobs, un maniaque et un perfectionniste du design de ses produits. "Tim Cook est un dirigeant calme, posé, qui ne se met pas en avant", estime Wired, qui publiait en 2009 un portrait de l’ex-bras droit de Steve Jobs. Selon le magazine américain, cette opposition de style et de centres d’intérêt permettait aux deux hommes de former l’un des duos d’entrepreneurs les plus efficaces au monde.
Outre cette complémentarité, Steve Jobs a sû apprécier la longue expérience de son dauphin chez ses rivaux avant 1998. Tim Cook a travaillé auparavant chez Compaq (vice-président) et IBM (directeur de la division North American Fulfillment à la division PC), deux constructeurs qui manquèrent d’avoir la peau d’Apple dans les années 90 grâce à leurs ordinateurs équipés de Windows de Microsoft.
Après son arrivée chez Apple, Tim Cook gravit lentement les échelons. Avant d’être intronisé numéro 2 d’Apple en 2005 par Steve Jobs, il aura été responsable de l'outil industriel et des ventes mondiales.
Durant son ascension, Tim Cook a réussi à gagner la confiance de ses équipes. "Il est très estimé, aussi bien dans l'entreprise qu'à l'extérieur, car il a prouvé qu'il savait diriger", remarque Carolina Milanesi, analyste de Gartner, une société d’études américaine spécialisée dans la nouvelle économie, dans les pages des Echos.
Malgré ses qualités indéniables, son arrivée à la tête d'Apple a déplu à Wall Street. Dès mercredi soir, l’action Apple était suspendue après une chute de 7 %. Afin de rassurer les marchés et les consommateurs,Tim Cook va devoir s’imposer comme le nouveau patron d’Apple et prouver qu’il peut, à l’instar de Steve Jobs, endosser les habits d’un communiquant hors-pair doublé d’un inventeur de génie. Son premier test sera la présentation en septembre du nouvel iPhone.