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L'armée syrienne déploie des blindés dans la ville de Homs

Les forces armées du régime syrien ont pénétré dans Homs, au lendemain d'une journée de répression qui a fait au moins 31 morts dans le pays. Les États-Unis et l'Union européenne ont officiellement demandé le départ de Bachar al-Assad du pouvoir.

AFP - Les forces de sécurité ont pénétré samedi à l'aube dans un quartier de Homs et menaient des perquisitions à Lattaquié au lendemain de la mort de 34 manifestants en Syrie, où une mission de l'ONU est attendue pour enquêter sur la répression qui a fait 2.000 morts en cinq mois.

A Homs (centre), "plusieurs blindés de l'armée ont pris position à l'aube à Khalidyieh et des renforts des services de sécurité sont arrivés à Baba Omrou et Inchaat à bord de neuf véhicules", a affirmé à l'AFP le président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) Rami Abdel Rahmane.

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"Ce rapport a fourni une base très utile"

Selon cette organisation, huit personnes, dont une femme ont été blessées par les tirs de la sécurité syrienne, dans un quartier près de Baba Omrou.

 Et des tirs des forces de sécurité pour disperser une manifestation ont fait "deux morts et plusieurs blessées" à al-Rastan, entre Homs et Hama, selon un militant sur place.

Cette incursion intervient deux jours après que le président Bachar al-Assad a assuré au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon que les opérations militaires contre les contestataires avaient pris fin.

A Lattaquié (ouest), les forces de sécurité perquisitionnaient le quartier de Qniniss, où l'armée est intervenue massivement cette semaine, a indiqué l'OSDH.

Ces opérations interviennent au lendemain de manifestations qui se sont soldées par la mort de 34 personnes, selon l'OSDH, basé en Grande-Bretagne.

Sous le slogan "les prémices de la victoire", des protestataires ont bravé lors du troisième vendredi de ramadan les forces de sécurité qui ont ouvert le feu sur les manifestants, ont annoncé des militants.

Il y a eu 15 morts et 25 blessés dans des localités près de Deraa (sud), berceau de la contestation : huit à Ghabagheb, dont deux enfants de 11 et 16 ans, cinq à Hirak, un à Ankhel et un homme de 72 ans tombé sous les balles à Naawa, selon l'OSDH.

D'après la même source, une personne a été blessée samedi à Hirak quand des parents ont manifesté devant l'hôpital qui refusait de leur donner les corps de leurs proches.

En outre, un manifestant est mort à Harasta et un autre à Douma, dans la banlieue de Damas, où un troisième homme a été tué, selon des militants sur place.

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"Les preuves produites par la commission d'enquête vont dans le sens d'une violation systématique des droits de l'Homme"

Dans le centre du pays, 10 civils ont été tués à Homs, cinq à Palmyre et un à Qousseir, selon l'OSDH. Par ailleurs, les corps de cinq personnes enlevées mercredi par les milices pro-régime ont été retrouvés vendredi dans un champ aux alentours de Houlé, selon OSDH.

L'agence officielle Sana a rapporté la mort de trois policiers et de deux civils tués par "des hommes armés". Selon elle, ces hommes ont attaqué vendredi un poste de police à Ghabagheb, tuant un commissaire et un civil et blessant huit policiers.

Il était impossible de confirmer ces informations de source indépendante, les autorités limitant fortement les possibilités de déplacement pour la presse.

Sana annonce en outre les funérailles de 12 membres de l'armée, des forces de sécurité et de la police.

La Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, a indiqué qu'il y avait désormais des "preuves" de "crimes contre l'humanité" commis en Syrie, appelant le Conseil de sécurité à saisir la justice internationale.

Elle a précisé que son organisme avait dressé une liste de 50 dignitaires du régime syrien considérés comme responsables de la violente répression, y compris des tortures et des assassinats.
              

Mme Pillay a ajouté que d'éventuelles actions à entreprendre seraient examinées lundi au cours d'une réunion du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU.

Un rapport de 12 pages publié le 18 août et établi par une mission de 13 experts mandatés par Mme Pillay dresse un catalogue glaçant de brutalités et d'actes de répression contre la population civile, qui pourraient relever de "crimes contre l'humanité".
              

Indépendamment des débats sur les sanctions, une mission humanitaire de l'ONU doit se rendre prochainement en Syrie pour témoigner de la répression, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU.
              

Des opposants syriens devaient se retrouver samedi pour deux jours à Istanbul afin d'inaugurer le "Conseil national" formé en juin pour coordonner la lutte contre le régime de Damas, a-t-on appris de sources concordantes.

Cette réunion survient au lendemain de l'annonce par l'opposition de la création d'une coalition unifiant ses rangs. Baptisée "l'instance générale de la révolution syrienne", cette coalition est le fruit de la fusion de 44 groupes et comités de coordination qui animent la contestation.
              

Le département d'Etat américain a jugé vendredi l'opposition syrienne "plus soudée" aujourd'hui qu'au début de la contestation.    

L'ONG de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a de son côté appelé l'Organisation de la conférence islamique (OCI) à prendre des mesures contre la Syrie.

"La Syrie se moque (...) de ses obligations internationales en tuant illégalement, en faisant disparaître, en torturant et en assiégeant des villages et des villes", a écrit Sarah Leah Whitson, responsable de HRW pour le Moyen

-Orient, dans une lettre au secrétaire général de l'OCI.

"L'OCI doit immédiatement prendre des mesures à l'encontre de ce pays membre", a-t-elle ajouté.